mardi 20 décembre 2016

Noël au Centre Saint Paul et à Sainte Rita


Avant de nous livrer pleinement à la joie de Noël, j'invite tous ceux qui le peuvent à nous rejoindre pour une veillée de prière en solidarité dans la communion des saints avec nos frères chrétiens d'Orient, en particulier les chrétiens de la ville d'Alep, qui souffrent. Ce sera le vendredi 23 décembre prochain de 20 H à Minuit. Nous parlerons jeudi à 18 Heures, sur Radio Courtoisie des enjeux de la victoire d'Alep. Alors que les loyalistes semblent avoir repris (Deo gratias !) l'ensemble de la ville, les morts se multiplient, les privations sont toujours plus dures dans cette ville qui est l'une des premières villes chrétiennes dans l'histoire. Nous associerons dans notre prière les morts et les blessés de Berlin dont le seul crime est de s'être rendus à un Marché de Noël, les morts et les blessés de l'année 2015 et du 14 juillet 2016 en France, le Père Hamel, mort début août, toutes personnes, victimes innocentes du terrorisme islamiste. Sans oublier les 25 coptes morts au Caire la semaine dernière, simplement parce qu'ils assistaient à la messe.

Samedi prochain 24 décembre, je célébrerai à 20 heures précises une messe devant Sainte-Rita murée.N'hésitez pas à marquer votre volonté de préserver cette église sise en plein 15ème arrondissement de Paris en nous rejoignant. Nous imiterons dehors la sainte famille, Marie Joseph et l'Enfant divin : il n'y avait pas de place pour eux à l'Hôtellerie. Nous serons sur la chaussée, pour une messe aux flambeaux dans le froid, en chantant les cantiques de Noël pour nous réchauffer ! Une telle fête du coeur dans le froid a quelque chose d'inoubliable !

Autre atmosphère : la messe de Minuit aura lieu aussi au chaud, à Minuit (précédée d'une veillée de chants et de prières à 23 heures) au Centre Saint-Paul où Kerim, Sophia et quelques autres nous régaleront d'un beau programme de grégorien et de musique baroque.

mercredi 14 décembre 2016

A votre bon coeur!

Il est toujours un peu gênant, en période de crise, de tendre la main. Cependant, le Centre Saint Paul ne vivant que de la générosité de ses Amis et Bienfaiteurs, nous nous lançons, et vous rappelons que...

Si vous êtes imposable, tout don fait avant le 31 décembre 2016 ouvre un crédit d'impôt de 66% - autrement dit, donner 30 euros ne vous en coûte que 10. Si vous pouvez nous consacrer 50 euros, versez-en 150, l'Etat vous en rendra 100.
Il suffit pour cela de cliquer la case "reçu fiscal" sur notre formulaire de dons en ligne, accessible depuis le site cccsp.fr - d'avance, merci.

lundi 12 décembre 2016

Le 13 décembre, : à lASIEM, programme

Chers amis, venez nombreux à la soirée de demain mardi. Cela se passe à Notre Dame du Bon Conseil (l'ASIEM), 6 rue Albert de Lapparent dans le 7ème (Métro Ségur ou Sèvres Lecourbe).

Au programme trois débats :
  • Noël et la société de consommation avec Gaultier Bès (fondateur de la revue Limite) François Huguenin (historien et essayiste) Fayçal Safi (qui joue le converti dans L'Apôtre de Cheyenne Carron) et le Pasteur Saïd Oujibou que l'on ne présente plus.
  • Noël et le multiculturalisme avec Tarek Oubrou (recteur de la Mosquée de Bordeaux) et l'abbé G. de Tanoüarn (directeur du Centre Saint-Paul à Paris) dans une conférence contradictoire. Responsable du débat : Serge Sarkissian.
  • Noël et le rationalisme des Lumières avec Mgr Dominique Rey (évêque de Toulon), le Père Gitton (théologien), Christian Haeschen (vice-président de la Libre Pensée) et Jean Birnbaum (directeur du Monde des Livres). Responsable du débat : François Huguenin

Le pape Paul VI dans l'encyclique Ecclesiam suam parlait des aréopages à ouvrir avec le monde contemporain. Ces aréopages, pour nous, sont des agoras (selon le nom de notre association organisatrice). Dans notre société éclatée, il y a un dialogue que seuls les chrétiens peuvent mener, en toute impartialité. Nous comptons sur vous pour continuer le débat après les conférences au cours du cocktail qui vous permettra d'échanger en toute liberté avec nos invités.

mardi 6 décembre 2016

Mais où est passé Noël ?

Chers amis, je suis heureux de vous inviter à la soirée du mardi 13 décembre prochain: Mais où est passé Noël ? Elle aura lieu à partir de 20 H précises, dans les salles de l'ASIEM, 9 rue Albert de Lapparent (75007), sur un programme particulièrement riche et dense [détail en ligne] en présence de Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon.

Nous vivons dans une société consumériste et nous confondons vite la fête de Noël avec le réveillon.
Nous vivons dans une société qui se veut multiculturelle et communautariste et nous oublions qu'à Noël la paix est donnée à tous ceux qui la demandent.
Nous vivons dans une France historiquement marquée, plus que les autres pays européens, par l'idéologie du Progrès et le rationalisme qui s'invite avec elle. Et nous oublions que, progrès ou pas,  la foi est ce qui nous constitue, en nous rendant éternels.

Mais trop souvent, soit, comme chrétiens, nous vivons de notre foi comme si ces défis n'existaient pas, dans une sorte d'indifférence au monde ou aux autres ; soit, au contraire, obnubilés par ces critiques anciennes et qui semblent toujours nouvelles, nous  oublions l'actualité et la force de la promesse de Noël : "Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté". Nous ne pensons plus à demander cette paix de Noël.

Cette soirée veut donc instaurer trois débats fondamentaux. D'abord un débat consensuel, autour de la société de consommation, qui fait, comme dit Henry de Montherlant, que "tout ce qui est atteint est détruit" ou que tout ce qui est consommé est aussi consumé. Pour nous y aider, nous accueillerons Gaultier Bès, représentant la talentueuse revue Limite, Fayçal Safi, héros du film L'apôtre qui joue en ce moment dans Djihad et le Pasteur Saïd Oujibou, auteur interprète.

Nous aurons ensuite un face à face entre Tarek Oubrou, recteur de la Mosquée de Bordeaux et moi Guillaume de Tanoüarn, prêtre catholique. La question ? Peut-on fêter Noël dans une société qui se veut multiculturelle ?

Enfin Mgr Rey et Christian Haenschen, directeur de la Libre Pensée, l'abbé Gitton et Jean Birnbaüm directeur du Monde des Livres débattront sur l'anticléricalisme des Lumières, sur cette fracture dans l'histoire spirituelle de la France, dont on se demande si on peut la réduire ou si elle est destinée à demeurer.

Un verre de l'amitié conclura cette soirée bien remplie et permettra à chacun de discuter avec les orateurs.

Notre idée force ? La vérité s'use quand on se contente de la répéter, semblable à elle-même et en quelque sorte imprenable à force de psittacisme. Elle est faite pour le monde. Elle brille en se donnant. Il ne s'agit pas d'organiser je ne sais quel combat de catch avec vainqueur ou vaincu, mais de manifester cet amour commun pour la vérité qui est au fond de chacun de nos coeurs.

vendredi 2 décembre 2016

Abbé de Tanouarn / Monde&Vie: «Nous avons besoin de vous» (+ offre promo sur abonnement)

Chers amis, cela fait maintenant deux ans que j’assume la rédaction en chef de Monde&Vie. J’ai pu assister, aux premières loges, à l’émergence d’un monde nouveau. Mon premier numéro, en tant que patron de la rédaction, était consacré au massacre des journalistes de Charlie Hebdo, premier attentat d’une série qui n’est vraisemblablement pas close et qui impacte la vie de tous les Français. Quant au numéro en cours, il raconte un double séisme : l’élection de Donald Trump aux Etats-unis contre tous les sondages et l’élection à la Primaire de François Fillon, qui, quoi qu’on pense de l’homme, de ses postures et de ses revirements et quoi qu’il fasse par la suite, a gagné sa bataille politique sur l’identité catholique et française, et cela sans avoir été adoubé par les médias subventionnés.
     
Devant les choix que nous devons faire, notre Eglise reste le plus souvent muette, nos évêques semblent bien peu réactifs. Un journal comme Monde&Vie, avec sa double préoccupation catholique et nationale, offre à ses lecteurs l’analyse, le dialogue et les connaissances, qui permettent de tremper sa foi dans le gros bouillon des événements qui ne cessent d’advenir.
       
Toutes les trois semaines, vous trouverez dans votre magazine :
  • Un vecteur chrétien pointant sans compromis les événements politiques qui sont en train de changer la donne, à travers des analyses souvent novatrices.
  • Une plate-forme d’expression pour la liberté de pensée, loin du politiquement correct, sur des sujets variés, avec des personnalités vraiment libres.
  • Un synthétiseur de la civilisation chrétienne aujourd’hui, grâce à des pages culture, que vous savourerez, parce qu’elles ne négligent aucune réalisation artistique ou théologique.
Notre conviction à tous, c’est que la chrétienté n’est pas un système abstrait et irréalisable, qu’elle s’incarne à chaque époque, que les catholiques ne sont pas les derniers survivants du vieux monde. Comme le levain est caché dans la pâte, l’histoire, si terrible soit-elle, porte toujours, cachée en elle, une espérance pour tous ceux qui veulent rester vivants.
          
Nous avons trop facilement l’impression, nous autres catholiques, qu’il suffit que chacun fasse son salut et qu’au fond le témoignage que nous donnons sur la terre n’a pas d’importance. C’est le contraire qui est vrai.
      
Je m’adresse à vous parce que, en soutenant Monde&Vie, vous permettrez à une pensée catholique et française de s’exprimer en toute indépendance ; en vous abonnant à Monde&Vie, vous donnez à vos idées les moyens de rayonner ; en lisant Monde&Vie toutes les trois semaines, vous vous faites une idée précise de l’essentiel de ce que les événements mettent en jeu au quotidien ; en faisant connaître Monde&Vie autour de vous, vous témoignez de cet essentiel, sans en rougir.
          
Cet appel n’est pas de pure forme. Nous avons besoin de vous. Et nous avons la faiblesse de penser que vous avez besoin de notre magazine.
          
Abbé Guillaume de Tanoüarn
Rédacteur en chef
Paris, le 1er décembre 2016

Nous vous proposons un abonnement pour 45 euros au lieu de 68 euros - rendez-vous sur la page ABONNEMENT du site de Monde&Vie, en indiquant le code-avantage "MEV12" 
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mardi 29 novembre 2016

Noël à Sainte Rita

Pour tous ceux qui en ont assez du conformisme des fêtes de fin d’année, voici un Noël extraordinaire.

Devant l’église Sainte-Rita, entre 20 H et 22 H, nous célèbrerons le 24 décembre au soir, une messe de minuit véritablement inoubliable, une messe aux flambeaux, avec une crèche vivante.

Nous retrouverons ainsi l’esprit du premier Noël. Les mots de l’Evangile résonneront en toute vérité devant l’église murée : « Il n’y avait pas de place pour eux à l’intérieur de l’hôtellerie ». Nous serons en plein air, dans le froid (mais bien couverts), comme au premier Noël. Et  comme au premier Noël, en même temps que dans la tradition pastorale de Sainte-Rita, que nous avons fêtée ainsi le dimanche 22 mai dernier, nous bénirons les animaux présents, en nous souvenant de l’âne et du bœuf, dont parlent les Apocryphes…

Notre combat pour l’Eglise Sainte-Rita porte du fruit. Des images ont fait le tour du monde.

Il est temps de rappeler que c’est le combat d’une communauté chaleureuse et militante, qui ne veut pas disparaître, elle non plus. Nous rappelons que l’église Sainte-Rita a toujours été, anglicane ou gallicane, une église de quartier ouverte à tous sans distinction et qu'aujourd’hui, la communauté catholique entend bien sauvegarder cet esprit d’ouverture. C’est l’esprit de Noël, c’est ce que racontent nos crèches où il ne manque même pas le ravi. C’est aussi le témoignage d’une communauté qui ne veut pas mourir.

mercredi 23 novembre 2016

[annonce] Vente de Charité 2016 de Notre-Dame de Consolation

Chapelle Notre-Dame
de Consolation
23 rue Jean Goujon / 75008 Paris
01.43.80.46.93

Samedi 26 nov. 2016 de 11H00 à 18H00
Dimanche 27 nov. 2016 de 10H00 à 18H00

Déjeuner
servi sur place (quatre services : 11H45 – 12H30 – 13H15 – 14H00) Bar – Salon de thé – Pâtisseries - Dégustation d’huîtres
   
Stands
Alimentation – Arts de la table – Bijoux – Brocante – Cadeaux – Jouets – Layette – Cartonnage – Icônes – Livres – Vêtements

Signatures de livres
Samedi de 15H00 à 18H00:
François-Xavier Bellamy & Philippe Maxence

Dimanche de 15H00 à 18H00:
Jacques Trémolet de Villers & Jean-Luc Cherrier

Règlement par carte bancaire accepté

dimanche 13 novembre 2016

[verbatim] Philippe de Villiers, «Le krach de la Transcendance»


Philippe de Villiers consacre un chapitre de son livre «Le Moment est venu de dire ce que j'ai vu» (2015) à ce qu’il nomme Le krach de la Transcendance. Voici le texte, repris du blog de Marc-Elie. Toute la première partie offre une similitude parfaite avec le constat de Michel Onfray que l'on re/lira ici: «J'ai vu les effets de Vatican II à la messe étant gamin...»
J'avais grandi au rythme de la messe des anges et du credo grégorien. Je suivais les enfants de chœur du reposoir avec leurs paniers débordant de pétales de roses.Je tenais une petite bannière de sainte Thérèse, au milieu de la procession des Rogations qui implorait la clémence du Ciel, après les semailles, pour une juste récolte. Les surplis rouge et blanc tenaient les cordons du dais qui abritait l'ostensoir à paillettes dorées. C'était beau.

En ce temps-là, la dévotion populaire était le terreau de la liturgie. On priait avec des gestes, avec son corps, on tombait à genoux, on joignait les mains pour supplier, on frissonnait en chantant le Lauda Sion immémorial.

Au mois de mai, on marchait chaque soir d'une maison à l'autre, avec une Sainte Vierge portée à bout de bras sur un brancard. C'était le mois de Marie. J'aimais l'odeur d'encens et la plainte du requiem qui faisaient descendre en majesté un peu de ciel dans nos cœurs. Et puis la Fête-Dieu, les œufs de Pâques, la crèche, les pèlerins de Lourdes, les cloches du glas et du baptême, les croix de mission. C'était une société.

Soudain, un dimanche, tout chavire. On nous exhorte à tutoyer Dieu, dans un nouveau Notre-Père. Les agenouillons ont été descellés dans la semaine. Ils ont disparu.

On comprend que le remembrement ne s'est pas arrêté au porche de l'église, il est entré dans le chœur, en pleine messe.

On a remembré les missels. On a voulu éloigner le faste et le triomphalisme. On a descendu les statues, les tentures, on a remisé le dais: il fallait du dépouillement, revenir aux pauvretés, aux austérités des origines, aux pieds nus des catacombes ; les accessoires chamarrés de la dramaturgie sacramentelle ont été placés «en dépôt» chez le «conservateur départemental des antiquités et objets d'art», ravi de l'aubaine. Bientôt le dépôt deviendrait un dépotoir.

On nous avait expliqué, jadis, que l'autel était «orienté», qu'il devait regarder, avec les fidèles, en direction de l'est, vers le soleil levant qui triomphe de la nuit et symbolise le Christ ressuscité. Et voici qu'on installe une table à repasser au milieu du chœur, avec des tréteaux et des planches. Le curé nous regarde, convivial, collégial, «il faut participer». Il a congédié ses ornements et son calice. Il boit le vin consacré dans un verre à moutarde, il veut être comme tout le monde. Il a laissé la soutane et porte un débardeur marron. Selon le mot de Claudel, il dit «la messe à l'envers» pour «être à l'écoute des gens » et pour «faire église».

Un jeune paroissien avec une guitare, qui ressemble à Leny Escudero, entonne le chant que j'apprendrai par cœur:
Si tu en as envie,
Comme Jésus-Christ lui-même,
Tu peux faire de ta vie
Un... je t'aime.  
C'est la religion de l'amour. Enfin! On n'est plus dans un règlement. On est dans l'amour. Et, si on tutoie Dieu dans le nouveau Notre-Père, c'est pour se rapprocher de lui. Ce n'est plus un Dieu de tonnerre et qui condamne. Il n'est plus au-dessus de nous, il est en nous, au milieu de nous, il chemine. C'est un voisin et non plus un Père. Si les agenouilloirs ont disparu, c'est que Dieu n'a pas besoin de ces théâtrales démonstrations d'obéissance où l'on se couvre de cendre jusqu'à s'anéantir. Dieu est Esprit. Une religion trop sensible perd l'esprit.

C'est l'aggiornamento, la nouvelle Pentecôte, le temps du Renouveau et du retour aux sources.

Le fils de Samuel mon voisin devient lecteur à la messe, entouré de social-sacristines qui déplacent le lutrin des homélies. Il se réclame d'un cousin fameux, fierté de la famille, qui est entré au Grand Séminaire de Luçon. Une tête. Lui aussi est à la JAC, la Jeunesse agricole chrétienne. Lui aussi veut que ça bouge et qu'on en finisse avec ce qu'on appelle, pour le fustiger, le «christianisme sociologique», c'est-à-dire ces paroisses où «tout le monde va à la messe». Il cite souvent monseigneur Marty, l'archevêque de Paris, qui veut «un Dieu de fête et d'amitié» et non plus un Dieu de foudre punitive, au-dessus des nuages. Il faut «mettre l'Eglise en risque». Joël - le séminariste - relève l'audace du cardinal qui fera exploser sa joie en mai 68: «Dieu n'est pas conservateur!»

Joël se méfie de la dévotion populaire et de ces chrétiens d'habitude installés dans le rituel. Il faut se fondre dans la masse, dit-il: la soutane était une séparation, le latin aussi ; car, pour aller au monde, il faut parler et s'habiller comme le monde. L'idée d'une langue ancienne, figée, pour exprimer le sacré, même si elle est universelle, ressemble à nos vieilles haies du bocage qui bouchent l'horizon des hommes et créent des champs clos, des univers sans ouverture au monde.

Un peu plus tard, Joël me parle de la signification chrétienne de la lutte des classes ; sa nouvelle trinité devient bientôt Marx, Freud et Nietzsche, il voit dans leurs prophéties l'irruption de l'esprit de Pentecôte. Il ne veut plus d'un ciel au-dessus, lointain, mais ici-bas et tout de suite. Une humanité en marche, « tournée vers l'avenir ». Il pense que la « déclergification » s imposera comme un temps nécessaire pour redessiner les nouvelles figures du sacerdoce. La Vendée est « une terre à prêtres ». Il n'en veut plus. Il cherche le pendant de la culture hors-sol, la religion hors-ciel. Une Église sans prêtres, un risque ? Non, selon lui, une chance.

Dans quelques mois, Joël aura quitté le séminaire, il aura défroqué après un passage chez les Frères du Monde qui l'auront guidé dans son discernement. Peu à peu, il va glisser de Teilhard de Chardin et Mounier à Mao, Castro, Hô Chi Minh, Che Guevara. C'est le temps des théologiens sociologues ; ils traitent par l'ironie et le mépris la « foi des charbonniers » qui font leurs Pâques avant d'aller au bistrot.

Ainsi vient le temps d'une Eglise dépouillée, d'une eschatologie sans transcendance et d'un messianisme sans messie.

La boucle est bouclée: les chrétientés charnelles disparaissent, les vocations se tarissent, les églises se vident. On y parle une nouvelle langue, la langue de buis. Joël est le petit dernier de la cordée de trois générations: le grand-père fut un chrétien militant ; le père, un militant chrétien ; le fils, un militant tout court. Tout cela est allé très vite.

En 1950, le diocèse de Luçon, qui fut celui de Richelieu, avait ouvert un nouveau séminaire aux Herbiers. Le père de Joël était là, au premier rang de la cérémonie grandiose, il servait la messe au nonce apostolique, le futur Jean XXIII.

En 1968, le drapeau noir se met à flotter sur le Grand Séminaire de Luçon. Joël s'en vante comme d'un acte prémonitoire pour « libérer l'Esprit ».

Trois ans après, le Grand Séminaire ferme ses portes. La « terre à prêtres » devient un désert de vocations.

Vingt ans plus tard, j'apprends que le bâtiment est à vendre. C'est un beau monument, construit par l'architecte du Prytanée de La Flèche. L'évêque de Luçon, monseigneur Paty, m'invite, avec élégance, à comprendre sa démarche: le diocèse n'a plus d'argent pour entretenir une bâtisse pareille. Il y a un acheteur de la grande distribution qui veut le raser pour en faire un Carrefour. On fait le tour du parc. C'est imposant. Il y a des buis sculptés partout en forme de croix et de cœurs vendéens, un Sacré-Cœur dans la broussaille.

Par curiosité, je visite les pièces de cette immense bâtisse, je suis abasourdi: dans l'ancien dortoir, je ramasse, par terre, des images pieuses de communion, des missels éventrés ; dans la chapelle, les vitraux ont été arrachés ; sur l'autel saccagé, il est écrit «fucking mother». La plaque de marbre sur laquelle sont inscrits les noms des anciens séminaristes tombés en 14-18 a été fracturée, maculée, déshonorée. Visiblement, le diocèse est dans un autre monde, il «ne veut plus se retourner vers le passé», il «cherche une dynamique qui ne soit pas une dynamique du souvenir». L'homme qui sauvera le séminaire est le maire de Luçon, Jean de Mouzon, un amoureux du patrimoine, par ailleurs radical de gauche et franc-maçon.

Le 19 septembre 1996, lorsque le pape Jean-Paul II vient à Saint-Laurent-sur-Sèvre pour commémorer le millénaire de la France, l'esplanade est déserte. Le pape prononce un beau discours «aux jeunes et à la population» devant une assistance d'une centaine de fidèles, chargés du service d'ordre. En effet, le nouvel évêque de Luçon, monseigneur Garnier, par crainte de débordements d'enthousiasme, a jugé nécessaire d'interdire la présence des chrétiens de Vendée. Je me souviens de ma rencontre avec le pape, à l'entrée de la basilique, il avait l'air tout étonné et fit savoir son incompréhension.

Dix ans plus tard, le dimanche 2 avril 2006, le nouvel évêque, monseigneur Santier, délivre une homélie retentissante pour clôturer le synode de Vendée, à La Roche-sur-Yon. Il fait « repentance pour l'emprise de l'Église catholique en Vendée ». Il confesse: «Dans le passé, en Vendée, l'Église était très présente, elle occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Au nom de l'Église, comme évêque, je vous demande pardon. »

Tout cela m'a aidé à comprendre le pape Benoît XVI, que j'avais rencontré pendant un long moment à Rome, avec le sénateur Bernard Seillier, le 28 janvier 1993. Il nous parlait d'une véritable tornade qui s'était abattue sur la chrétienté, d'une immense apostasie silencieuse: « C'est le vide qui s'est propagé, le désert spirituel. On a perdu bien souvent la dignité et le mystère du sacré. On a dépouillé les églises de leurs splendeurs. Beaucoup de clercs ont réduit la liturgie au langage et aux gestes de la vie de tous les jours par le moyen de salutations, de signes d'amitié. »

Il se lamentait sur « l'effrayant appauvrissement qui se manifeste là où l'on chasse la beauté. On a une liturgie en show. Je suis convaincu, ajoutait-il, que la crise de l'Eglise que nous vivons aujourd'hui repose largement sur la désintégration de la liturgie ». Et le cardinal Ratzinger d'ajouter: « En refusant de reconnaître ses racines chrétiennes, l'Europe se refuse à elle-même. Elle se renie. »

On a déraciné la Foi. Ce qui est au cœur de la crise, c'est la sécularisation. Ce qu'a vécu Joël, c'est une rupture de la transmission, le refus de toute métaphysique, l'idée que l'homme est aujourd'hui assez grand pour se sauver seul, comme être historique et comme être social.

On désincarné l'homme, on le met hors de sa culture. Et en refusant la grâce, on finit par refuser la nature. La culture, c'est l'ensemble des pensées et des œuvres par lesquelles l'homme développe sa nature. Hors de sa culture, l'homme meurt à sa nature.

La société regarde avec effarement le grand vaisseau qui sombre. Elle perd ses valeurs et elle en perd la tête.

La déchristianisation de la France laisse une société de zombies désorientés qui tournent dans le vide. C'est le krach de la transcendance, la chute vertigineuse des valeurs fondamentales, la grande dépression.

Pendant longtemps, on a vécu sur la vitesse acquise. Je relisais récemment, au Journal officiel, le compte rendu du dialogue saisissant qui eut lieu dans l'hémicycle, en 1883, entre Jules Ferry et un député de l'opposition. Le ministre de l'Instruction publique annonçait les principes de l'école publique: Oui, bien sûr, nous enseignerons la morale à l'école...

La morale, l'interrompt le député, mais quelle morale ? Alors Jules Ferry hésite un instant puis martèle: Eh bien... la morale de toujours... la morale de nos pères! Hé oui, la morale de toujours, celle de la civilisation chrétienne. On a longtemps pensé que le progrès allait renvoyer aux oubliettes l'homme religieux, l'homme relié, l'homme qui relie. Jaurès le proclamait: « Nous avons interrompu la vieille chanson qui berçait la misère humaine. Et la misère humaine s'est réveillée avec des cris. » Et elle a entonné l'Internationale.

La vieille chanson, c'était la chrétienté chantante. Et le socialiste Viviani crut pouvoir saluer à son tour la fin des vieilles croyances: «Nous avons éteint une à une les étoiles qui brillaient dans le ciel. On ne les rallumera plus.»

Il y eut le temps des illusions, puis celui des désillusions. On a célébré le Progrès, on commence à comprendre que, depuis les Lumières, il n'est qu'une contrefaçon de l'espérance chrétienne. Le triomphe de la Raison n'a pas réconcilié l'humanité avec elle-même. Celle-ci s'est mise à douter de tout.

La modernité croyait en elle-même et en sa raison. La postmodernité ne croit plus à rien. Elle verse dans l'hédonisme narcissique, elle honore un nouveau dieu, l'argent. Le dieu de Sade et de Mammon. L'homme délié devient une marchandise, une machine désirante. Le curé d'Ars l'avait prophétisé: «Laissez une paroisse cinquante ans sans prêtre, on y adorera les bêtes.»

Le temps est venu de la Bête abstraite et désincarnée, de l'idole glacée. La compassion, la charité et l'ensemble des vertus sociales, polies par la civilisation des grands sentiments, n'ont plus de place légitime dans une société fondée exclusivement sur la production de marchandises. Quand la seule consommation est célébrée comme une forme de culture à part entière, le seul exotisme est dans la fabrication ininterrompue de pseudo-besoins matériels, créés pour tromper l'ennui.

Alors le nouveau face-à-face peut commencer, entre la fin de l'absolu et la soif d'absolu. Les laïcards ont fait le vide. Les islamistes le remplissent. Comme l'a écrit Sayyid Qutb, un des penseurs des Frères musulmans: «L'islam ne peut que gagner parce que la modernité est intrinsèquement incapable d'étancher la soif de spiritualité de l'homme.»

On songe à la lettre ouverte de Philippe Muray: «Chers djihadistes, craignez la colère du consommateur, du touriste, du vacancier descendant de son camping-car! Vous nous imaginez vautrés dans des plaisirs et des loisirs qui nous ont rassemblés? Eh bien, nous lutterons comme des lions pour protéger notre ramollissement. Nous nous battrons pour tout, pour les mots qui n'ont plus de sens et pour la vie qui va avec.» [Philippe Muray, Chers djihadistes, Fayard/Mille et une nuits, 2002]

Nous assistons à l'islamisation douce de l'Europe, qui s'opère du fait de notre double asthénie, religieuse et sexuelle. Un philosophe lucide, Fabrice Hadjadj, a très bien pénétré cette nouvelle réalité: «Nous croyons à tort que les mouvements islamistes sont des mouvements pré-Lumières, qui découvriront bientôt les splendeurs du consumérisme. En vérité, ce sont des mouvements post-Lumières. Ils savent que les utopies humanistes, qui s'étaient substituées à la foi religieuse, se sont effondrées.»

Le relativisme libertaire et le nihilisme nous portent vers une impasse.

Ce n'est plus seulement un pan de mur qui est tombé. C'est un mur porteur. En reniant ses racines chrétiennes, la France oublie la civilisation qui l'a pétrie. Et le Pouvoir est vide.

C'est pourquoi, quand Jean-Paul II est venu au Bourget, en 1980, il a rappelé la France au souvenir de Clovis et de Clotilde, au baptistère de Reims: «France, fille aînée de l'Église, qu'as-tu fait des promesses de ton baptême?»

[...]

Les dernières paroles de Soljénitsyne furent elliptiques. Et prophétiques. Au cours d'un aparté inattendu, le maître s'élança. C'était du côté de Tambov, à mi-chemin entre Moscou et Volgograd où il m'avait emmené pour la visite d'une future bibliothèque construite avec le concours actif du Puy du Fou. Ce lieu parlait au cœur du maître parce que là, en 1921, les paysans koulaks s'étaient révoltés contre l'Armée rouge et l'ordre avait été donné par les commissaires politiques de nettoyer les forêts à l'arme chimique. Nous marchions sur la terre noire anthracite d'une plaine sans contours, immémoriale, en attente d'être fécondée.

D'un geste large, embrassant les blés à venir, le grand penseur dessina deux cercles entremêlés en murmurant, tête baissée:

Pendant longtemps, le sort de la Russie fut lié à celui de l'Europe. Dostoïevski écrivait en français. Mais aujourd'hui, c'est fini, nos routes divergent. Vous roulez à l'abîme. Alors que, tout endoloris, nous nous relevons du néant.

Vous espérez encore pour la Russie, mais pas pour l'Europe?

Si, pour les deux. Mais avec un décalage dans le temps. Mon instinct me dit que la Russie va renaître dès maintenant.

Derrière le visionnaire, le bûcheron de Cavendish n'était pas loin, il battit du pied sur une souche bourgeonnante, comme pour la prendre à témoin, et ajouta d'un ton assuré:

Ici, il reste encore des racines vivantes, elles sont en train de donner des pousses. Il y aura une restauration des valeurs civiques et spirituelles. Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l'intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. J'ai senti tout cela dans le Vermont. Le système occidental va vers son état ultime d'épuisement spirituel: le juridisme sans âme, l'humanisme rationaliste, l'abolition de la vie intérieure... Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures. Elles ont oublié que le premier droit de l'homme, c'est le droit de ne pas encombrer son âme avec des futilités.

Et comment croyez-vous qu'on puisse désencombrer notre âme?

Par l'affleurement de l'instinct de vie.

Alors le maître laissa entendre qu'il y aurait un point de retournement. A partir d'une nécessité immuable qui est dans les lois de l'Univers.

Le gouffre s'ouvrira à la lumière. De petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin. Au début, peu de gens les distingueront et sauront abriter ces lueurs tremblantes, fragiles, contre toutes les tempêtes hostiles. Il y aura des hommes qui se lèveront, au nom de la vérité, de la nature, de la vie ; ils cacheront, dans leurs pèlerines, des petits manifestes de refuzniks. Ils exerceront leurs enfants à penser différemment, à remettre l'esprit au-dessus de la matière. Ils briseront la spirale du déclin du courage. Ainsi viendra l'éclosion des consciences dressées. Aujourd'hui les dissidents sont à l'Est, ils vont passer à l'Ouest.

Soljénitsyne nous a quittés en 2008. Son intuition ne l'avait pas trompé. Sa chère patrie, après bien des convulsions, a retrouvé le chemin de ses anciennes harmonies. Dans le même temps, à la minute même où nous inaugurons un McDonald's en Europe, les Russes inaugurent l'iconostase d'une nouvelle église orthodoxe.

mercredi 2 novembre 2016

[Monde & Vie] La politique des évêques français - par l'abbé de Tanoüarn

Monde & Vie -  par l'abbé de Tanoüarn
Nos évêques publient un document consacré à « retrouver le sens du politique » occasion d’être encensés dans le quotidien capitaliste d’extrême gauche Libération. Une grande nouveauté, il fallait y aller voir.
Si c’est dans les pages de Politique générale que je vous propose cette réflexion sur la réflexion des évêques français à propos de la politique, c’est justement que leur document est très significatif non seulement de ce qu’ils pensent eux, mais de ce qu’on essaie de penser un peu partout face à la crise migratoire, de ce que pensent nos élites, de ce qui reste de pensée au Parti socialiste éclaté en diverses prétendances, et aussi de ce que signifie la fameuse « identité heureuse » chère à Monsieur Juppé, le candidat le plus à gauche parmi tous ceux qui se présentent à la Primaire de droite. Bref, quelque part entre Emmanuel Macron, Manuel Valls et Alain Juppé, une fois de plus nos évêques pensent au Centre, ils sont par conséquent au centre du débat, ils apparaissent comme représentatifs de la caste au Pouvoir, dont ils comptent certainement parmi les plus ardents soutiens. Ils sont en ce sens magnifiquement conservateurs ! 

Ce qui est nouveau, ce qui est positif dans ce document, censé nous rendre le goût de la Politique ? C’est que Nosseigneurs admettent que la nouvelle question, le nouveau paradigme, l’inquiétude dominante est celle de l’identité. Oh ! Il faut attendre le sixième chapitre pour qu’il soit question de « personnes d’origines étrangères » qui se trouvent en ce moment dans notre beau Pays de France. Le fait qu’elles y soient pour y rester va semblet-il de soi et n’est pas précisé. La religion de ces « personnes étrangères » n’est pas non plus désignée, comme s’il allait de soi qu’il s’agisse de l’islam, ou bien comme s’il ne fallait pas en parler, pour ne pas se faire de mal. Curieux oubli de la part d’hommes de religions, c’est certainement la plus grande faiblesse de ce texte.

Ce qui est précisé par contre ? C’est que nous sommes en présence d’« un malaise identitaire pouvant aller jusqu’au rejet de l’autre différent ». Le débat sur l’identité – heureuse ou plutôt bien malheureuse – commence, sotto voce, par l’usage de cet adjectif, jusqu’ici incongru dans le langage de nos évêques, l’adjectif « identitaire ». L’apparition de ce mot nouveau n’empêche pas que le thème de l’Autre reste foncièrement dominant, et l’on devine ce qu’Alain Finkielkraut a appelé joliment « l’autrisme », en filigrane derrière ces mots nouveaux qui se pressent sous les plumes épiscopales. C’est parce que nous, Français de souche, nous manquons tous d’« autrisme » qu’il y a un problème. Ce qu’il faut mettre en cause en effet, c’est « le rejet » de « l’autre différent ». Nous voyons en ce moment les bus de migrants quitter la trop fameuse Jungle de Calais, cette verrue qui jusqu’ici ne semblait devoir déranger personne que les Calaisiens (des Français de la périphérie, ces Calaisiens, autant dire : personne). Les anciens habitants de la Jungle sont applaudis à leur arrivée dans tel ou tel terroir de la France bien profonde, dès leur sortie du bus, comme si déjà, malgré l’absence de Travail à leur proposer, on les suppliait de rester. Racistes les Français ? Allons donc ! Mais une fois de plus, la rhétorique est bien huilée : il apparaît commode de mettre sur le dos des autochtones « le rejet de l’autre différent », oui, un rejet qui viendrait simplement du fait qu’il est différent.
Pour une identité qui ne donne que des droits
Au crédit de Nosseigneurs, il faut mettre le fait que ce rejet, selon eux, semble bien devoir rester exceptionnel. Le responsable de la migration n’étant évidemment pas le migrant, c’est… personne. C’est la mondialisation. « L’idée d’une nation homogène est bousculée par la mondialisation ». Vous avez bien compris : c’est une fatalité, on n’y peut rien : les nations dorénavant, en Europe, ne seront plus des nations homogènes, ce n’est plus possible. On nous affirme cela froidement, comme si cela n’était même pas susceptible d’explication ou de démonstration. C’est un fait, le point de départ de la réflexion politique actuelle : « L’idée de nation homogène est bousculée » par le vent de l’histoire, dépassée, périmée. C’est énorme ! Les grandes nations européennes, Espagne, Germanie, Grande-Bretagne, Gaule, existent depuis toujours. L’Empire romain s’est contenté d’en faire des unités administratives. Et il faudrait entériner le fait que ces nations, avec leur longue histoire et leur langue, « sont bousculées ». « Il faut redéfinir ce qu’est être citoyens français et promouvoir une manière d’être ensemble qui fasse sens ». Rien que ça ! 

Nos évêques parlent donc de l’identité française. Là nous avons vu une bonne nouvelle. Mais la mauvaise, c’est que pour eux, l’identité française n’existe pas. Il faut réfléchir à « ce qu’est être citoyen français » en « découvrant une manière d’être ensemble qui fasse sens ». Quel aveu ! La manière dont les citoyens sont ensemble dans l’Hexagone en ce moment, n’est pas une manière qui fait sens. Il faut trouver le sens… Il importe de tout redéfinir. Nous sommes en plein constructivisme politique. Ces formules, qui paraissent tellement douces, sont en fait d’une extrême violence. On est en train de nous apprendre que, suite à l’arrivée de « nombreuses personnes étrangères », il faut tout repenser. Et cette fois, l’expression correcte est employée. Ce qui change tout, ce n’est pas seulement la mondialisation (qui, au contraire, pourrait et devrait renforcer nos identités dans un riche jeu d’échange international).

Ce qui change tout, ce sont « les revendications communautaires ». Il faut prendre acte du fait que la France n’est plus une nation au sens homogène de ce terme, mais déjà une communauté de communautés, dans laquelle on ne saurait parler d’assimilation, parce qu’il n’y a plus de modèle unique ou homogène et que tout se trouve « à repenser ». À ma connaissance, Alain Juppé n’avait jamais défini son identité heureuse de cette manière, mais c’est bien ce qu’il veut faire et s’il crée à Bordeaux, avec l’appui de la Mairie, un immense Centre culturel musulman, c’est bien sûr dans cette perspective nouvelle d’une France qui n’est plus nationale mais communautaire.
Pour une France qui n’est pas encore née
Pourquoi ne pas le dire clairement ? Ce que nos évêques entendent nous vendre, derrière leur souci de « redécouvrir le Politique », c’est la nouvelle France multiculturelle, qui d’ailleurs reste à penser, une France qui n’existe pas encore vraiment puisqu’elle est en train de naître. Nous assistons, écrivent-ils, à « la naissance d’une identité qui ne nie pas les autres appartenances ». L’expression doit être pesée. Elle est décisive. Elle pourrait passer pour la définition du projet français que les Politiques dans leur ensemble veulent faire avaler à la France.

Mais qu’est-ce qu’une identité qui ne nie pas les autres appartenances ? C’est une identité neutre, qui soit la même pour un catholique de souche, pour un animiste érythréen (il y a tant d’Erythréens parmi les migrants soi-disant syriens) ou pour un musulman même quand il n’est pas modérément musulman. Nous nous trouvons devant une identité qui n’est plus nationale, au sens où la nation, au-delà des différences profondes entre les Provinces, représentait « quelque chose d’homogène », cela au moins jusqu’à Georges Pompidou. Mais alors qu’est-ce que cette identité nouvelle ? Je doute pour autant qu’il s’agisse d’une identité impériale parce que je ne crois pas que qui que ce soit ne cherche à faire de la France un Empire. Reste l’identité à sa plus basse fréquence : une identité administrative, une identité de papier, qui donne des droits mais, parce qu’elle respecte trop toutes les appartenances qui lui sont antérieures, ne crée aucun devoir par elle-même. C’est vers cette identité-là que l’on nous dirige. La France devient un territoire de la mondialisation heureuse. La France est une identité heureuse, une identité qui ne crée que des droits. Elle est vraiment pour tous, elle ne fait aucune différence entre ses anciens et ses nouveaux enfants puisqu’elle a perdu son identité nationale homogène et qu’elle se contente très bien d’une identité hétérogène.
Contre les contre-cultures
Après avoir construit ce nouveau rêve français, aboutissement de tant d’esquisses depuis « la nouvelle société de Chaban-Delmas » jusqu’à la social-démocratie giscardienne, en passant par la France modeste de Jacques Chirac, et la France multiculturelle des MM. Sarkozy et Hollande, nos évêques, tout remplis de l’importance de la circonstance, se retournent vers leurs ouailles et ils les mettent en garde. Ils désarment leurs fidèles à l’avance, en leur enjoignant de se conformer mentalement à l’inculture dominante. L’Église avait été le réservoir inépuisable de la culture occidentale lors des invasions barbares, avec des grands évêques, saint Remi, saint Loup, saint Aignan, tant d’autres, qui représentaient eux-mêmes l’élite culturelle issue de l’Empire finissant. Il ne faudra pas compter sur l’Institution ecclésiale cette fois-ci. Quand on lui demande ce que sera la nouvelle France des communautés, elle répond pour l’instant officiellement : « Il faudra du temps pour que tout cela trouve son sens ». Là encore : quel aveu ! Cette formule est énorme elle aussi. La France est aujourd’hui en standby. Il faudra du temps pour qu’elle se redécouvre dans sa nouvelle formule, le temps sans doute que les communautés, se frottant les unes aux autres, un modus vivendi se crée entre elles. À ce petit jeu communautaire, les chrétiens bien sûr seront perdant puisque leur religion ne construit pas de communautés, sinon, comme les chrétiens d’Orient, d’une manière contrainte, en attendant la fin…

Mais surtout, écrivent nos seigneurs, il vous faut bannir « le rêve d’une contre-culture ». Là pourtant on est en plein christianisme. Le christianisme, qui ne crée aucune communauté parce qu’il n’est pas une religion de la Loi, a créé des cultures riches et foisonnantes, qui font honneur à l’humanité dans le Christ. À diverses époques de son histoire, ces cultures ont été des contre-cultures, comme actuellement dans la Chine communiste par exemple. On sait que Benoît XVI avait employé ce terme de « contre-culture » et il l’avait fait de façon positive, lors de son voyage à Malte (2010), en exhortant les fidèles à constituer des communautés qui soient autant d’ « oasis » dans lesquels puissent fleurir des contre-cultures. Le mot n’avait pas fait peur au pape allemand. Face à l’inculture dominante, face à la non-culture que les Réformes successives de l’enseignement ont rendue comme obligatoire, il faut bien sûr, avec nos évêques ou sans eux, par tous les moyens et de toutes les manières, promouvoir des contre-cultures, proposer des systèmes de références, parmi lesquels bien sûr les références chrétiennes devront être dominantes, parce qu’elles ont historiquement fait la preuve qu’elles représentent un vrai progrès humain.

Abbé G. de Tanoüarn

dimanche 16 octobre 2016

Homophobes ?

J'ai fait un rapide passage à LMPT et trois fois j'ai eu l'occasion d'entendre ce mot très laid : "homophobe". Place du Costa Rica (j'avais laissé la voiture sous le métro rue de l'Alboni), je tombe sur une jeune femme en scooter entouré de micros, et je me dis : ça ne peut être que Frigide. Bingo : Frigide Barjot s'exrimait devant quelques journalistes qui voulaient absolument lui faire dire que les 100 000 personnes (évaluation d'une amie  experte en comm.) de la Manif pour tous étaient des homophobes. Barjot dit non très clairement mais elle ne peut pas s'empêcher d'ajouter quelque chose comme : "parce qu'ils ne m'ont pas écouté ils risquent de passer pour des homophobes". Résultat ? En descendant vers le Troca, je vois trois journalistes qui se disent entre eux : "Frigide Barjot a traité tout le monde d'homophobes...

Pour rejoindre les manifestants nous avons dû faire le tour pour récupérer les manifestants (après fouille des sacs) avenue Georges Mandel. Occasion de croiser la contre-manif, un groupuscule d'une vingtaine de personnes, hurlant "LMPT homophobes". La même chose. C'est troublant...

Enfin, arrivé dans la foule et commençant le grand jeu des mondanités LMPT, je tombe sur une jeune journaliste, qui me demande si je peux répondre à quelques questions. Deux ou trois questions "normales" et puis la botte de Nevers : "Mais enfin, GPA, PMA c'est bien, non ? Il faut que les homosexuels puissent avoir des enfants... Comme je lui dis : "Non, ce n'est pas dans le plan de Dieu" elle me rétorque : "Mais vous ne seriez pas homophobe".

Ce que je veux dire dans ce post, en racontant cette triple histoire d'homophobie (et ce que j'ai essayé de dire à la journaliste qui en a rangé assez vite son micro), c'est que c'est vrai que si l'on ne se réfère pas au plan de Dieu, Adam, Eve, une seule chair, on peut effectivement très vite passer pour homophobe. J'ai reconnu au micro que si on en restait à l'immanence, il n'y avait aucune raison valable de priver les homos des progrès de la science. Il y a beaucoup d'abus autour de la PMA et de la GPA ? Eh bien il faut encadrer tout ça et les abus disparaîtront. Pourquoi les priver les pauvres (je pense avant tout aux lesbiennes d'ailleurs quand j'écris cela) ? On permet à une vieille fille d'adopter mais pas à un couple de femmes ?

Les cathos de LMPT se tordent les méninges pour ne pas donner l'unique raison que l'on peut donner contre ces enfants d'homos, une raison qui n'est pas tirée de l'immanence mais de l'oeuvre créatrice de Dieu telle qu'elle est racontée dans les premiers chapitres de la Genèse : un homme et une femme, avec ce cri merveilleux d'Eve devenue mère et enfantant Caïn : "J'ai acquis un homme par Yahvé". Sans foi, notre société aura raison d'essayer toutes les combines facilitatrices. Seule la foi permet de poser des limites (comme diraient nos amis de la revue éponyme), en refusant a priori certaines expériences parce qu'elles ne sont pas dans ce que l'on appelle (au choix) la loi naturelle ou la loi éternelle. Dans la vie sociale, seule la foi, et l'image de l'homme qu'elle nous offre, permet de se garantir de cette logique facilitatrice, qui est la logique de la consommation. La morale ne suffit pas, car il y a toujours de bonnes raisons (immanentes) pour faciliter la vie des gens et la morale y cèdera.

Nous ne sommes pas homophobes, disant cela, car ce que nous opposons aux expérimentations tous azimuts, c'est notre foi ; foi en ce Verbe qui en chacun d'entre nous, cathos ou pas, homos ou hétéros, est la vraie lumière, qui indique le Bien comme la lumière et désigne le mal comme une épaisse ténèbre, qui risque de nous contaminer, en nous faisant nous-mêmes participer des ténèbres, si nous ne faisons que calculer notre profit dans ce qu'elle nous propose.

vendredi 14 octobre 2016

16 octobre : Sainte-Rita encore une fois

Dimanche prochain 16 octobre nous célébrons encore une fois une messe devant Sainte-Rita murée. Pour montrer notre détermination. Pour manifester notre volonté de ne pas céder, alors que je rencontre le Promoteur le mois prochain. Il y a deux occurrences importantes en ce 16 octobre : la Manif pour tous aura lieu dans l'après-midi, ce qui vous fait un dimanche militant, puisque, au 27 rue François Bonvin, face à  l'église, la messe est à 11 H. Enfin on ne peut ignorer l'anniversaire sinistre du meurtre de Marie-Antoinette, "jugée" en deux jours, condamnée à l'échafaud et dont le cri terrible retentit jusqu'aujourd'hui : "J'en appelle à toutes les mères !". Pas besoin d'être royaliste pour éprouver l'injustice politique d'un tel jugement. Nous célèbrerons la messe ce dimanche en pensant à elle, à toutes les victimes innocentes et à l'église Sainte-Rita parce qu'elle ne mérite pas de disparaître.

Rendez-vous dimanche à 11 H, devant Sainte-Rita du Quinzième, 27 rue François-Bonvin, 75 015
Métro Ségur, Volontaires ou Sèvres-Lecourbe.

vendredi 30 septembre 2016

Nouvelle messe à Sainte Rita dimanche

Dimanche prochain 2 octobre à 11 H, nous célèbrerons la messe à nouveau devant l'église Sainte Rita murée. Ce geste public est plus que jamais nécessaire

Je dois rencontrer le Promoteur très prochainement. Le propriétaire le met en demeure de payer pour acheter la parcelle à démolir. Lui ne veut pas s'engager sur des sables mouvants. Il ne tient pas à payer pour ne pas construire. Bref il y a tous les éléments d'un vaudeville !

Il est essentiel dans ce contexte que nous soyons très nombreux : on ne détruit pas une église qui marche, non : pas en France tout au moins. C'est la raison pour laquelle il faut qu'à Sainte Rita, tous ensemble, nous montrions que l'église fonctionne. C'est la meilleure manière de faire baisser les prix, en donnant un avenir à cette église. Le 2 octobre est la fête des anges gardiens. Ceux de Sainte-Rita vont avoir fort à faire. Nous devons les aider.

Depuis l'événement médiatique de cet été, nous avons découvert bien d'autres églises en instance de destruction. Sainte-Rita, en plein XVème arrondissement, au coeur de Paris, est devenue un symbole. 

Je vous rappelle notre adresse : Sainte-Rita, 27 rue François Bonvin, 75015. Le métro ? Volontaires (sur la ligne 12) Sèvres-Lecourbe (sur la ligne 6) ou Ségur (sur la ligne 10)

dimanche 25 septembre 2016

La vérité du djihadisme

« Je fais des films de mon temps » déclare tout de go Cheyenne Carron, la quarantaine à peine sonnée et déjà six longs-métrages à son actif. Elle veut montrer ce que l’on ne veut pas voir de ce temps si terriblement riche en contrastes. La réalisatrice sait où elle va. Elle montre, elle dévoile, elle déchire les voiles, mais elle le fait sans provocation, en artiste. On sent que l’image produit en elle une sorte de jubilation baroque : elle aime la lumière, elle aime la nature, elle s’attarde sur tel détail, mais surtout elle aime les gens, elle sait montrer leur lumière intérieure, parce qu’avant même de la filmer, elle l’a perçue. Elle prête ses yeux à la caméra. Quant à elle, elle est prête à tout voir, non pas pour collectionner je ne sais quelle galerie des horreurs, mais parce que tout voir signifie voir les sujets dans leur intégrité, non pas faire des clichés à deux dimensions, des instantanés qui manquent l’essentiel, mais inscrire les êtres dans la profondeur de champ que donne la caméra. 

C’est cette profondeur qui lui permet de passer outre les interdits, parce que c’est une artiste et que seul l’art peut tout dire. Ainsi, son dernier film Patries, traitait du racisme anti-blanc et de la remigration. Il a obtenu le Grand prix Kilimandjaro du meilleur long-métrage au festival Africlap 2016 ; on en a lu des critiques dans les plus grands médias français. D’autres cinéastes reculent devant la difficulté et se contentent, par exemple, du Paris rêvé d’Amélie Poulain, sans se donner la peine de pénétrer dans les banlieues. D’autres, pour ces mêmes banlieues, se contente des images et des thèmes d’il y a vingt ans, mythifiés. Cheyenne Carron donne à voir, elle ne recule pas devant la difficulté. On a l’impression qu’elle la recherche, qu’elle veut se mesurer avec elle. Quand je réfléchis à sa démarche, je pense à cet immense écrivain que fut Imre Kertesz : ce juif hongrois expliquait à la fin de sa vie que seul l’art pouvait montrer la réalité monstrueuse de la Shoah. Sans en rester à ce degré d’horreur, seul l’art peut évoquer avec pertinence, d’une manière qui convienne a priori à tout spectateur, les problèmes actuels, ceux avec lesquels on triche, ceux que l’on ne veut pas voir. Dans Patries, c’est l’immigration ; dans La chute des hommes, le nouveau film qui vient de sortir, c’est le djihadisme. 

Sur le djihadisme, il serait facile de faire un film qui accable les terroristes, en montrant seulement l’horreur de leurs gestes. On ne les verrait pas ces monstres, on les devinerait à leurs œuvres. On en ferait, de loin, des archanges du mal – nos ennemis : c’est un peu ce que font Laurent Gaudé ou Karine Tuil cette année, ils évoquent le mal mais refusent la confrontation avec lui. La rentrée littéraire s’est saisie du djihadisme, mais de manière unilatérale : diaboliser le diable est un jeu d’enfant. 

Ce n’est pas le sens du film de Cheyenne Carron, La chute des hommes. Evoquant la chute, de manière crypto-chrétienne, elle sous-entend que ces hommes qui s’entraînent à tuer à rançonner ou à couper des mains pour appliquer la charia, ne se réduisent pas à leur chute, qu’ils ont été des hommes, des vrais, que le mal qu’ils font pourrait peut-être réveiller en eux l’humanité. Attention : si Cheyenne Carron ne diabolise pas le diable, elle ne le dédiabolise pas non plus. Elle le prend simplement comme un être réel, un sujet encore libre, une personne qui peut toujours changer d’avis. C’est ce qui fait la force unique de ce film. 

Certes, on n’assiste pas en direct à je ne sais quelle conversion à l’eau de rose. On constate d’abord le cynisme du chef, qui joue avec la vie et la mort, celle des femmes prisonnières, qu’il fait semblant de prendre pour de vraies personnes, discutant avec elles, celle de ses hommes, impitoyablement tués au moindre état d’âme, ou bien la sienne d’ailleurs, la sienne de vie, parce que, manifestement, pour lui, rien n’a d’importance, et surtout pas sa propre existence. Mais même au sein de la petite troupe djihadiste, tout n'est pas négatif : on observe aussi le détachement des hommes face à l’argent. Ils ont fait don de leur vie. Tous ? Non. L’Occidental qui les a rejoints est épouvanté. Il cache sa peur parce qu’il sait qu’elle mérite la mort, il multiplie les professions de foi, mais à l’instant décisif, il refuse de mourir. Il se convertit ? Récite le Je vous salue Marie, qui remonte dans sa mémoire ? Sans doute, mais on devine que s’il s’en sort, c’est seulement parce que sa vie ou sa mort ne lui sont pas devenus totalement indifférentes, qu'elles ne sont pas interchangeables.

Face aux bourreaux plus ou moins enfoncés dans leur logique mortelle, il y a les victimes, deux femmes, ce n’est pas un hasard. L’héroïne, Lucile, est venue dans ce pays en guerre pour améliorer sa connaissance déjà grande des parfums. Toute à sa passion, elle ne sait parler que de cela, analyse les senteurs mais ne devine pas le risque mortel qu’elle a pris avec le plus grand naturel du monde. Elle représente à la fois la liberté passionnée mais aussi ce surdéveloppement de l’ego, caractéristique de la société de consommation, qui empêche la vigilance. Ce qui fait la richesse de Lucile, c’est son éducation pagano-chrétienne – on pourrait dire tranquillement son identité. Au dernier moment de cette histoire, quand les guerriers d’Allah la somment de se convertir à l’islam, elle pourra dire : « Ma mère est chrétienne et mon père est païen », opposant à la terreur du djihad non pas une foi chrétienne qu’elle n’a pas, mais cette richesse libre que ses parents lui ont transmise. Lucile s’interdit de renoncer aux sources de sa joie, elle vit de cette estime de soi, qui l’empêche de déchoir en quelque sorte, qui l’oblige au vieux sens intransitif de ce mot, elle professe un intrépide respect de soi.

Enfin, entre bourreaux et victimes, Cheyenne Carron a représenté le Judas, celui qui a livré la victime au bourreau, un chauffeur de taxi, Yunès, qui ne parvient pas à faire vivre sa famille et qui, par amour pour sa femme, va piétiner la morale la plus élémentaire en livrant une victime à l’hydre islamiste. Son geste pense-t-il a été simplement utilitaire. Le moyen de faire autrement, quand il faut vivre des quelques sous que rapporte son taxi ? Pour ce remarquable Yunès (l'acteur est parfait), le salut vient par sa femme, qui finit par découvrir la vérité et qui le chasse de la maison sordide où la petite famille avait trouvé refuge.

Il y a dans la Chute des hommes un culte baroque de l’image, que l’on revoit sous un autre angle et qui qui prend peu à peu toute sa signification terrible. Il faut VOIR ce film et se laisser envahir par ces images, qui vous accompagneront plusieurs jours après que vous ayez accepté de leur ouvrir votre propre monde. Loin d’être un film de détestation de l’autre, loin d’enseigner la haine de l’ennemi djihadiste ou terroriste, la Chute des hommes offre une méditation sur les possibilités de relèvement, qui sont à la mesure de chacun et donc toujours à sa portée. Ce film qui aborde de front le mal moderne, cette confusion monstrueuse entre sainteté et terrorisme ne marque aucune complaisance pour la terrible banalisation du mal que représente le Djihad, mais offre une formidable leçon d’espérance, tant il est vrai, comme le dit Hölderlin que « c’est quand le péril grandit que grandit aussi ce qui sauve ».

Une espérance qui n'est pas je ne sais quel bon sentiment notoirement impuissant, mais qui consiste à trouver dans chaque situation, même la plus terrifiante, la puissance de faire le bien. 

Pour vous procurer ce film en ligne : cheyennecarron.com/dvds.php

mercredi 21 septembre 2016

[Monde & Vie] Pourquoi et pour qui faut-il voter?

Repris de monde-vie.com
Aujourd’hui le vote de conviction est le premier vote utile. C’est dans cette perspective que nous disons : il faut voter à la Primaire de droite.
          
La Primaire de droite est une première. Elle donne occasion à de nombreux candidats de se manifester tels qu’en eux-mêmes, avant que les sacro-saints parrainages politiques ne soient comptabilisés et les candidats qui ne font pas le poids, impitoyablement rejetés dans les ténèbres extérieures. Ainsi Jacques Myard – député de Maisons Laffitte se déclare-t-il fort heureux de sa campagne inutile, mais qui aura contribué à droitiser toujours plus le débat politique actuel. Car c’est de cela d’abord qu’il s’agit : il faut une parole libre. On en a assez des candidats du système, ces candidats dont Jacques Chirac, en 2002, fut l’archétype, élu à 82 % des suffrages sur un programme vide. Pour son discours d’intronisation, le grand Jacques évoqua (ce n’est pas une blague) la lutte contre le cancer et le code de la route. Temps perdu ! À l’époque, les idées ne pouvaient plus circuler, absorbées dès leur naissance par la correctness, sorte de glue universelle, qui exige l’universelle confusion des idées… En 2007, il y eut la présidence Sarkozy. Sur le personnage et son mandat d’hyperprésident, je serais un peu de l’avis de Fillon : ce Président-là aussi a eu peur de FAIRE, mais… et ce n’est pas rien dans notre théâtrocratie au suffrage universel, il n’a pas eu peur de DIRE certaines vérités emprisonnées depuis longtemps sous la glue universelle. Il a libéré la parole en parlant d’identité nationale, il a permis à des gens comme Zemmour ou Finkielkraut de sortir du bois. Je pense que c’est le premier rôle de la Primaire de droite d’agiter des idées nouvelles, de dire ce qui ne va pas, de proposer des remèdes auxquels apparemment personne n’avait pensé auparavant. La Primaire de droite est un merveilleux banc d’essais des idées de droite. À ce propos je donnerais volontiers la palme à un perdant : Frédéric Lefebvre, le premier dans la classe politique à défendre l’idée d’un salaire universel. Je vois deux avantages à cette mesure : elle permet de responsabiliser ceux auxquels, en lieu et place d’allocations diverses on donne un véritable petit salaire, hommes et femmes, employés ou chômeurs. Ce salaire universel serait aussi l’occasion d’une révision générale du sacro-saint système social français, qui remonte substantiellement à la Deuxième Guerre mondiale. Il serait peut-être temps de proposer VRAIMENT autre chose. Eh bien ! La Primaire aura été l’occasion d’introduire le salaire universel comme un thème social de droite !
Sans hésiter 
Je parle d’idées, je ne parle pas de valeurs : hélas, les catholiques n’ont pas utilisé cette occasion pour réaffirmer le caractère fondamental des valeurs chrétiennes dans l’identité française. Les uns veulent jouer les arbitres, les autres votent pour François Fillon, l’homme qui dit que l’avortement est un droit des femmes… Mais où est le porte-drapeau ?La vérité oblige à dire que, malgré les hésitations coupables des états-majors cathos, de porte-drapeau il y en a un. Il n’est pas là seulement pour faire de la figuration. Il n’est pas non plus mono-discours, obsédé par les valeurs morales et ne sachant parler que de cela… Il a acquis une expérience politique à la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Il a voyagé et sait d’instinct que la France ne se réduit pas à un hexagone. Il a la culture chrétienne de la concertation, sans le goût du martyre, qui est toujours malsain, mais alors surtout malsain en politique. Il croit dans le rôle stabilisateur d’un État régalien et ne donne pas dans le culte des Institutions européennes et internationales. Il ne voit pas l’islam en rose mais réclame un véritable contractualisme entre l’islam et la République. Il est un adversaire décidé du laïcisme et un adepte de la pure laïcité, qui suppose de reconnaître le christianisme au centre de la culture française. Bref, c’est un vrai candidat. Il n’est pas membre des Républicains mais président du Parti Chrétien Démocrate. Il s’agit, vous l’aurez deviné, de Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines, valeureux combattant contre le mariage pour tous, mais aussi contre la très inefficace loi Macron et contre la non moins dangereuse Loi El Khomry.Il est clair que voter Poisson au premier Tour de la Primaire (il vous en coûtera deux euros) c’est faire avancer le vote catholique en France, le vote de civilisation en Europe et tout ce que nous défendons à Monde&Vie.
          
Cela n’empêche pas de voter autrement à l’élection présidentielle. Mais il faut utiliser la Primaire, qui est une fantastique caisse médiatique de résonnance. Et pour une fois, nous pouvons faire un vote de conviction. C’est tellement rare qu’il me semble que quand cela devient possible (même s’il ne s’agit que de Primaires) c’est un devoir. Il n’y a aucun devoir à voter lorsque le choix qui nous est donné est celui de la peste ou du choléra. Mais lorsque les règles de la santé politique sont senties avec tant de mesure, lorsque la société chrétienne est défendue avec tant de talent… Alors oui : voter, voter Poisson est un devoir ! 

Abbé G. de Tanoüarn

dimanche 4 septembre 2016

Magnifique messe devant Sainte-Rita

En ce jour où Teresa de Calcutta est canonisée, nous avons eu une magnifique messe devant Sainte-Rita murée. Si je peux essayer de caractériser cet instant, je dirais que malgré la beauté des chants, dont je remercie Kerim, Sophia et Morgane, ainsi que leurs amis, ce qui a caractérisé cette messe c'est le silence, un silence qui n'est pas vide, un silence qui est un appel, un appel au bien, un appel à l'élévation spirituelle dans un monde consacré au calcul et à la rentabilité. Sainte Rita continue. La communauté de Sainte-Rita recueillie et plus nombreuse que jamais devant l'édifice est un signe, le signe de la puissance de l'Esprit, qui, comme dit saint Paul dans l'extraordinaire épître d'aujourd'hui, "agit en nous infiniment au-delà de ce que nous demandons et de ce que nous pouvons concevoir". Nous voulons faire ? Nous voulons agir ? Agissons en lui. Laissons le faire en nous, il nous mènera, tous, plus loin, bien plus loin que nous ne l'imaginons. C'est le mystère de la fécondité de l'Esprit, expérimenté par sainte Thérèse de Calcutta, dont la charité est encore agissante vingt ans après sa mort.

samedi 3 septembre 2016

[Philippe Vilgier - Présent] Sainte-Rita : une messe, un enjeu - Entretien avec l’abbé Guillaume de Tanoüarn

SOURCE - Philippe Vilgier - Présent - 2 septembre 2016
— Monsieur l’abbé, vous avez annoncé (voir Présent du 17 août) que vous alliez célébrer le dimanche 4 septembre une messe à 11 heures devant l’église Sainte-Rita du XVe menacée de destruction…
— J’invite le plus grand nombre de personnes à nous rejoindre pour cette messe très importante, qui d’ailleurs constitue un enjeu en elle-même dans l’atmosphère politique actuelle. Elle a d’abord été interdite sans explication par la préfecture, puis autorisée le lendemain au vu des deux messes que nous avions organisées sans anicroche, devant Sainte-Rita, le 7 et le 15 août.

L’enjeu est capital pour la bonne santé de notre laïcité. Il est essentiel que nous puissions manifester le désaccord d’une large partie de la population du XVe et, plus largement, de tous les Parisiens qui veulent être entendus sur ce sujet sensible : détruire une église en plein Paris aujourd’hui, c’est attenter gravement à l’ordre public et laisser le champ libre aux catholiques radicalisés : bref c’est impossible !

La liberté d’expression, surtout en matière religieuse, – je préciserais : la liberté d’expression des catholiques en France dans l’espace public – est un domaine particulièrement sensible en ce moment, rien ne doit la restreindre, dans l’état actuel de notre droit, comme l’a rappelé récemment le Conseil d’Etat… à propos des musulmanes et du burkini. Il ne faudrait pas qu’il y ait deux poids et deux mesures, d’un côté la liberté de porter le burkini et, de l’autre, l’interdiction de défendre une église. Voulons-nous d’une liberté religieuse à deux vitesses ?

Nous ferons tout ce que la loi républicaine autorise, mais aussi tout ce que la liberté chrétienne nous commande. A l’heure où l’on construit partout des mosquées, éventuellement avec des subventions publiques, les Parisiens sont particulièrement sensibles à la question de la survie de Sainte-Rita, question qui a d’ailleurs suscité des échos dans le monde entier début août. La perspective d’une destruction, en ce moment, est particulièrement mal venue et inquiétante pour nous tous ! L’église, c’est ce lieu où souffle l’Esprit, et il ne faut pas oublier que l’Esprit souffle sur tout le monde, que, dans la perspective chrétienne, personne n’est excepté de la fête spirituelle qui est la réalisation normale de notre destinée. On voit d’ailleurs des athées venir défendre l’église Sainte-Rita, et ils sont parfaitement cohérents, ce faisant. Ils reconnaissent d’instinct la supériorité du spirituel sur tous les profits temporels et sur toutes les spéculations immobilières.
— Vous aviez posé des conditions à cette célébration, pour quelles raisons ?
— L’affaire Sainte-Rita a été l’objet d’une tentative de récupération par des gens que j’appellerais volontiers des « catholiques radicalisés ». Une vidéo a fait le tour du net. Tournée en plein jour (pas du tout lors de nos manifestations), elle montre une dizaine de personnes à genoux et priant le chapelet devant Sainte-Rita et, au milieu de la prière, l’un des orants assénant un coup de poing mémorable à une personne de couleur qui passait par là. Ce groupe de catholiques radicalisés a un aumônier qui, sur le net, se fait appeler Mgr Mayol de Lupé (on voit où vont leurs amours). Ce sont eux-mêmes qui ont organisé la diffusion de la vidéo, narrant ce coup de poing en pleine prière, comme si c’était un exploit. Je veux bien que les policiers à Sainte-Rita aient eu l’initiative d’une violence maladroite (la photo de l’abbé Billot traîné par terre a fait le tour du monde), mais cela n’excuse pas le grand n’importe quoi de la violence gratuite, ni cette vidéo montrant un gros costaud abusant de sa force. Quant à nous, notre combat est légal, culturel et même politique s’il le faut, puisque la laïcité est en cause, mais nous ne voulons pas de cette violence gratuite et de ces vanteries déplorables.
— Quelle décision avez-vous prise ?
— Nous avons décidé de donner rendez-vous chaque premier dimanche du mois à tous ceux qui ne se résignent pas à la destruction. Nous entreprenons aussi de rassembler l’argent nécessaire pour racheter l’église et, pour cela, faisons appel à des mécènes. L’affaire Sainte-Rita dépasse largement les limites de cette église néogothique en béton. Elle pose au grand jour le malaise qui pointe dans notre laïcité. Nous luttons, à travers cette église, pour un véritable « vivre ensemble » où les uns et les autres sont respectés dans leurs convictions, nous voulons une société où l’on sait mettre l’argent en deuxième position quand les valeurs fondamentales sont en jeu, nous demandons que l’on écoute la population du XVe très largement favorable, avec son maire Philippe Goujon, au maintien de cette église, comme nous avons pu le constater en faisant les marchés ou en tractant devant les stations de métro.
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Propos recueillis par Philippe Vilgier
Rendez-vous : Sainte-Rita du XVe, dimanche 4 septembre à 11 heures. 27 rue François Bonvin, Paris 15e, Métros : Volontaires, Ségur, Cambronne. Bus : 80.

jeudi 1 septembre 2016

4 septembre : La messe interdite… et autorisée

A Sainte-Rita, alors que certains signes montrent que nous nous dirigeons enfin vers la concertation, que nous sortons de la confrontation stupide entre des croyants et un Promoteur mal informé, nous organisons une messe dimanche prochain 4 septembre à 11 heures. Cette messe avait d’abord été interdite par la Préfecture de police de façon laconique en ces termes : 
« La direction de l'ordre public et de la circulation accuse bonne réception de votre déclaration de manifestation. Nous vous invitons à ne pas utiliser l'espace public pour l'organisation d'une prière de rue. Nous restons à votre disposition pour plus de renseignements ».
Cette réponse à notre demande était inacceptable. C’est une question de liberté religieuse ! Dans l’état actuel de notre droit, cette liberté individuelle est imprescriptible. Puisque le Conseil d’Etat a considéré récemment que le port du burkini était un acte religieux et puisque c’est en tant que tel qu’il l’a autorisé, au nom, dit Bernard Stirn, de "la liberté de conscience", Eh bien ! De la même façon, la défense d’une église, de manière publique est un enjeu incontournable de la liberté religieuse des catholiques aujourd’hui. Il ne faudrait pas (notre avocat a expliqué cela très clairement aux autorités compétentes) que la liberté religieuse des musulmanes soit protégée de manière sourcilleuse, malgré le trouble de l’ordre public que l’on a pu constater tout récemment de ce fait à Sisco en Corse, et que d’un autre côté, alors que les manifestations pour défendre Sainte Rita organisées par notre Collectif les 7 et 15 août, ont été absolument paisibles, nous soyons interdits. Interdits parce que catholiques ? Impossible. On a failli se trouver avec cette tentative d’interdiction, devant une pratique monstrueuse du « deux poids, deux mesures ». 
On nous objectera peut-être une vidéo stupide qui a circulé sur Internet : une dizaine de chrétiens radicalisés avait organisé une prière de rue sans la moindre déclaration et, au milieu de la prière, un coup de poing que j’aurais voulu appeler magistral en d’autres circonstances, a été donné à une personne qui passait par là. Ces catholiques radicalisés, fiers de ce qu’un gros costaud ait impunément frappé un homme éméché, ont fait circuler la vidéo de leurs exploits. Interdire l’action de notre Collectif, c’est effectivement faire le lit d’une telle radicalisation, qui risquerait de se généraliser, si aucune liberté ne nous était laissée. Nous nous engageons d’ailleurs, comme je l’ai déjà écrit, avec un service d’ordre adéquat, à ce qu’il n’y ait aucune provocation de la part d’agitateurs malvenus.
Il faut, chers amis, tant que nous en avons la capacité légale, défendre notre liberté de citoyens et affirmer notre liberté chrétienne. Que vous soyez d’ailleurs catholiques ou athées, peu importe ! Cette messe est une question de liberté spirituelle et de laïcité équilibrée. Contre la violence symbolique que représente, pour Paris, la destruction de cette église, nous avons décidé d’organiser une messe devant Sainte-Rita murée, chaque premier dimanche du mois, messe qui manifeste qu’aujourd’hui dans notre Capitale, on n’a pas le droit de mettre dehors sans un véritable effort de concertation, une communauté chrétienne vivante.

Sainte Rita, 27 rue François Bonvin, 75015. Métros : Volontaires, Ségur ou Cambronne, selon les lignes.

dimanche 21 août 2016

Sainte Rita : que fait la police ?

Après le coup de poing prémédité à une personne de couleur qui soi disant troublait leur "prière", voilà que tout est bon pour associer Sainte-Rita à une catégorie extrême de "radicalisés". Ce sont toujours les mêmes éléments de quelques groupuscules bien connus des forces de police qui, aujourd'hui posent en "défenseurs de Sainte Rita" devant un bidon de zyklon B et font circuler leur photo sur twitter. Il n'ont évidemment rien à voir avec la communauté de Sainte Rita mais comme je l'écrivais dans ma communication précédente, ce sont des "catholiques" radicalisés. Celui qui a frappé pendant la prière sort de prison. On voit bien d'ailleurs qu'il n'en est pas à son coup d'essai. Ces gens ne sont catholiques que de nom. Il faut qu'ils se convertissent. Ils ont pour l'instant à peu près la même théologie que les djihadistes : pour eux c'est la violence qui manifeste le sacré. Leurs "pulsions religieuses" sont archaïques et inquiétantes.

Ce qui est troublant c'est l'impunité dont ils jouissent, ils ne se cachent pas, ils ne cachent pas leur apologie du zyklon B et donc de l'antisémitisme le plus rabique. C'est étrange. Il y a des lois en France qui interdisent ce genre de gesticulation. Mais eux font cela sans se cacher, sans un masque ou une écharpe. Comme si ces provocateurs servaient à quelque chose. Comme si on leur donnait carte blanche. A quoi servent de telles photos associées à Sainte-Rita ? Elles servent le promoteur et son dessein de destruction bien sûr. Pourquoi circulent-elles librement ? Parce que la provocation qu'elles représentent permet d'en finir définitivement avec les défenseurs de Sainte-Rita.

Seulement voilà, le golem échappe toujours à son créateur. L'intervention hasardée de la police en pleines vacances d'été, malgré les engagements contraires des responsables politiques, qui se trouvaient eux-mêmes en vacances, a été sentie comme une violence, une violence légale certes, mais une violence quand même. On a mal mesuré le trouble de l'ordre public (et le trouble de faibles cervelles) que causait une telle irruption policière dans un lieu sacré. Et maintenant on fait feu de tous bois pour faire croire que la violence a changé de camp. Aujourd'hui on déterre des promoteurs du zyklon B : demain où ira-t-on ?

Nous avons toujours prié à Sainte Rita dans le plus grand calme jusqu'à l'intervention policière. Mais le sujet était trop passionnel. L'intervention mal préparée. Les risques de troubles mal évalués. Encore une fois, ces gens sont peu nombreux et bien connus, ils ne se cachent pas. Qu'attend-on pour les empêcher de continuer ? Un drame ? Un mort ?

J'annonce ici que malgré les deux cérémonies en plein air qui se sont parfaitement bien passées, devant 300 puis 500 personnes en plein mois d'août, je ne récidiverai pas dans l'état actuel de désordre créé par des gens qui, policiers ou justiciables, sont étrangers à Sainte Rita. Je ne veux pas faire prendre de risque aux gens de la communauté, dont je suis responsable de la sécurité et de la dignité. La messe annoncée le 4 septembre ne pourra avoir lieu que si la Préfecture de police ramène le calme et empêche ces éléments étrangers à notre communauté de créer le scandale aujourd'hui et peut-être plus demain. Pour l'instant la précipitation du promoteur Lamotte crée un trouble que je n'alimenterai en aucune manière, par exemple - et ce serait le pire des scénarios - en en fournissant les victimes.

J'attends donc de pouvoir vous donner toutes les garanties nécessaires quant au bon ordre de manifestations ultérieures, qui devront être protégées par l'état de droit et non à la merci d'agitateurs, utilisés contre nous.

Abbé de Tanoüarn


vendredi 19 août 2016

Geste stupide, publicité stupide : Sainte-Rita outragée

Une vidéo court sur les réseaux, envoyée par les héros de cette sinistre affaire. J'en prend connaissance à l'instant. Une bande d'excités, qui n'ont rien de catholique et qui se prennent pour des soldats du Christ selon l'intitulé de leur propre film, exaltent leur "haut-fait" : au milieu d'une dizaine de chapelet, un coup de poing part sur un homme de couleur, qui passe derrière eux. On me dit qu'il aurait dérangé la prière ? Cela n'apparaît pas sur la vidéo. Et de toute façon, quel sens cela a-t-il ? De quelle prière cela relève-t-il ?

A part l'un d'entre eux, avec qui j'ai déjà eu fort à faire, je ne reconnais aucun des jeunes avec lesquels nous avons défendu Sainte-Rita par la non-violence. Ils font apparemment partie d'un groupe qui est étranger à Sainte-Rita mais profite de l'intervention scandaleuse des forces de l'ordre cet été, pour donner le spectacle de "catholiques radicalisés", comme l'indique leur propre vidéo. Une fois de plus la violence légale, ordonnée de façon intempérante, a engendré une violence illégitime et outrageante pour le combat de Sainte-Rita. J'en suis sincèrement désolé et je revois les images de l'abbé Billot traîné par terre en aube par les CRS...

Sainte-Rita est en train de devenir un symbole national et international de la primauté du spirituel. Mais ce soir Sainte-Rita est outragée par quelques marginaux qui s'intitulent ses défenseurs et qui sont ses fossoyeurs.

Abbé de Tanoüarn

mardi 16 août 2016

Merci à tous pour Sainte Rita

On ne va pas se livrer à la guerre des chiffres, mais nous étions environ 500 après la Procession pour assister à la messe, bien plus nombreux que dimanche dernier, à prier la Vierge Marie, celle par qui, dans toutes les églises du monde, le Seigneur est avec nous. Nous l'avons prié pour l'église Sainte-Rita et devant l'église, il y avait tant de gens différents, sous le cagnard, des gens d'âges différents, de milieux différents, de... foi qui se formulerait sans doute différemment, que j'ai pensé à cette pub de Macdo, qui devrait être le slogan de l'Eglise catholique depuis le Tsunami François : "Venez comme vous êtes".

Une paroissienne que je ne connais pas (Sainte Rita est une communauté en pleine expansion) m'a envoyé ce message que je trouve beau et que je voudrais vous partager : 
"Je me suis rendue à l'église Sainte Rita quelques jours après son évacuation car pour moi une église c'est sacré, surtout celle de la Patronne des causes désespérées. J'ai vu sur les palissades l'annonce pour la procession et la messe d'aujourd'hui et je n'ai pas hésité une seconde à venir. Une église murée gardée par un vigile qui en empêche l'entrée, c'est tout bonnement inacceptable quelles que soient les opinions politiques et religieuses que l'on puisse avoir, une église c'est un endroit ouvert à tous (et il n'y en a plus beaucoup à l'heure actuelle!). 
Ce qui fait du tort à ceux qui veulent sauver l'église c'est la récupération politique et c'est vraiment dommage ! Il faut ratisser large car j'ai été très sensible à ce tract sur la palissade émanant de personnes athées qui soutenaient l'église. Nous sommes plus de 60 millions de personnes en France, s'il faut 3 millions d'euros pour sauver l'église on devrait pouvoir y arriver... Et vous avez raison dans votre interview à BFM TV, il n'y a pas eu de concertation et peut-être que beaucoup de gens qui vivent en province ou même à Paris n'ont aucune idée du triste sort réservé à cette église et réagiraient s'ils en avaient connaissance. 
La procession et la messe que vous avez célébrée aujourd'hui étaient vraiment très émouvantes, continuez car j'ai vu en vous une force extraordinaire (ça doit être cela la foi qui déplace les montagnes) et vous arriverez à sauver l'église avec une bonne communication qui pourra peut-être aussi réunir beaucoup de personnes quelles que soient leurs idées politiques et religieuses, car après tout, ce que le pouvoir nous impose en ce moment n'est pas digne d'une démocratie".
Merci Martine de cette belle lettre, merci de souligner "ces personnes athées qui soutiennent l'église". merci de dire que l'église murée "ce n'est pas digne de notre démocratie", merci de percevoir "la force" et "la foi à déplacer les montagnes" que l'on ressentait dans l'assistance. Merci pour avoir remarqué l'émotion qui se dégageait de cette procession et de cette messe, car l'émotion est le grand véhicule du voyage spirituel, celui qui nous mène au-delà de nous-mêmes.
 
Aujourd'hui, on voudrait un monde aseptisé, sans émotion, un monde fait uniquement de sexe et de fric, de sensualité et de calculs rationnels. Mais Dieu s'ouvre à ceux qui se laissent toucher. Il est au-delà de toutes nos raisons, mais le coeur a des raisons que la raison ne connaît pas : Dieu se laisse aimer. C'est avec nos coeurs d'abord que nous défendons Sainte Rita.

Merci aussi d'évoquer la possible récupération politique par certains, je pense au Mouvement du 14 juillet bien sûr, dont plusieurs des membres ont dormi dans l'église pendant des semaines ; mais attention ! Distinguons bien d'un côté le mouvement avec ses mots d'ordre et d'autre part les personnes, qui ont aussi leur foi, leur absence de foi, leur démarche. J'étais tellement heureux de revoir Pourpre, qui doit se dire athée à ses heures, mais qui était là : il m'avait bien aidé à préparer Noël. Ou Karen venue spécialement de Bordeaux. 

Je voudrais d'ores et déjà donner rendez-vous à tous, le 4 septembre prochain, dimanche à 11 Heures, autour de Sainte Rita : venez comme vous êtes, venez pour le Christ qui ne propose ni parkings ni logements sociaux, mais qui offre à qui, seulement la lui demande avec foi, la vie éternelle.