mercredi 29 avril 2015

Chesterton et Monde&Vie - Philippe Maxence au Centre St Paul

Pardon de vous avoir snobé si longtemps. Il faut dire que la rédaction en chef de Monde et Vie me prend d'importants espaces de mémoire vive... Mais je m'y fais et j'espère pouvoir débloquer du temps à nouveau pour Metablog. Vous pouvez vous rendre sur le tout nouveau site de Monde et Vie à l'adresse www.monde-vie.com. Attention sur Internet, ce n'est pas Monde & Vie, c'est monde-vie.com. Facile à retenir ! Vous pouvez vous abonner bien sûr (ce serait un joli encouragement pour notre petite équipe qui fait chaque trois semaines un magazine généraliste de 32 pages), vous pouvez même vous abonner par Internet : c'est moins cher et cela tombe plus vite dans votre boîte mail que dans votre boîte aux lettres.

Je voudrais aussi vous annoncer pour lundi prochain la conférence au Centre Saint-Paul à 20 H 15 de Philippe Maxence, rédacteur en chef de l'Homme nouveau. Le thème ? Chesterton et la religion catholique. 

Trois livres ont paru récemment de et sur Chesterton : une biographie (aux éditions Rivages), une autobiographie (aux Belles Lettres) et un essai traduit pour la première fois en français La Chose, sous titré Pourquoi je suis catholique (aux éditions Climats, déjà responsables de la réédition d'Hérétiques et d'Orthodoxie). Philippe Maxence est le président de l’association des amis de Chesterton et lui même l’auteur ou l’éditeur de plusieurs livres chestertoniens. Il revient justement sur la question la plus importante : comment Chesterton, issu d’une famille unitarienne (refusant tous les dogmes et d'abord celui de la Trinité), s’est-il converti au catholicisme. Et aussi : qu’est-ce que se convertir ?

A noter (et à lire en priorité sur ce sujet) le petit livre de Chesterton traduit et édité aux éditions de l'Homme nouveau : L'Eglise catholique et la conversion, qui date de 1926. Parmi beaucoup d'autres, une formule de Chesterton tirée de ce petit opus et dont je fais personnellement grand usage : "L'Eglise catholique est une maison aux cent portes". Pas de collège unique ! Pas de pont aux ânes ! Pas de fourches caudines ! Cent portes... et des milliers de précepteurs : les saints. 

Une autre ? "Patriotes de tous les pays unissez-vous". C'est en effet la richesse spirituelle et culturelle des nations qui est menacée aujourd'hui partout dans le monde. La mondialisation ? C'est l'uniformisation des modes et des modes de vie.

Ces deux formules, tirées de L'Eglise catholique et la conversion constituent une bonne introduction à l'esprit de Chesterton : un gros moteur qui met parfois un peu de temps à trouver sa vitesse de croisière mais qui se jette au coeur d'un problème, en bravant les idées reçues et en essayant de découvrir l'évidence cachée derrière le problème. 

Philippe Maxence écrit très bien dans la préface qu'il a donnée à ce petit livre : 
" Dès Orthodoxie (1908), Chesterton était convaincu de la beauté et de la grandeur de l’Église catholique. Dès cette époque, il voulut tenter le pas, se retint, recommença, abdiqua avant de se reprendre. Il n’avait rien à gagner à devenir catholique. Il avait tout à perdre, ou presque, et d’abord peut-être le jugement de son épouse bien-aimée qui l’avait tant aidé à redevenir chrétien et qui réussit même cet exploit de le faire prêcher une fois du haut d’une chaire d’une église anglo-catholique. Ses discussions avec le Father O’Connor firent beaucoup pour le conduire doucement vers l’Église catholique (1922), pendant que d’autres en le pressant le retinrent un peu plus longtemps sur le seuil".
C'est ce chemin de vie, en rien prédéterminé, fantaisiste comme la vie et immanquable comme la grâce, fait d'intuitions et de retour, d'incitations amicales et de mise en garde amoureuses que Philippe Maxence nous fera découvrir lundi prochain au CSP.

jeudi 23 avril 2015

[Africa1] L’Eglise catholique, deux ans après l’élection du Pape François

Le Grand Débat du Mardi 17 Mars 2015 

Elu Pape des catholiques le 13 mars 2013, Jorge Mario Bergoglio, né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, avait choisi de se faire appeler simplement François. Dès son premier discours le soir de son élection, le successeur de Benoît XVI avait surpris par sa différence. L’homme séduit et conquiert les opinions, même au-delà du seul périmètre de l’Eglise. Arrivé à la tête de l’Eglise en pleine crise au Vatican secoué par divers scandales, l’homme a entrepris une vaste politique de réarmement moral de la Curie, n’hésitant pas à lister ce qu’il a appelé « les 15 maladies de l’Eglise ». 

Invités :
  • Guillaume de Tanouärn, Prêtre catholique traditionaliste. Philosophe, Membre de l’Institut du Bon-Pasteur (IBP). Directeur du Centre Saint-Paul et de la revue « Objections ».
  • Révérend Père Israël Mensah, Père fondateur de l’association « Mémoires d’Afrique ». Auteur de « Isidore De Souza, figure fondatrice d’une démocratie en Afrique – La transition politique au Bénin (1989-1993) » aux éditions Karthala
  • André Luther Meka, Journaliste

lundi 6 avril 2015

L’Airbus et les shebabs

On nous a beaucoup parlé du crash de l’Airbus A 320 de la Germanwings, et d’autant plus que l’avion s’était écrasé dans le massif des Trois évêchés à proximité de Barcelonette, sans cause apparente. Aucune revendication terroriste. Pas de panne. Simplement un avion qui dévisse et qui s’écrase à flanc de Montagne. Comment cela a-t-il pu se passer ? 

Les motivations d’Andreas Lubitz, le copilote, sont clairement suicidaires. Un journal allemand a évoqué l’attentat suicide, arguant que le pilote se serait converti à l’islam. Pour l’instant cette piste n’est pas confirmée du tout. Des recherches informatique qu’il n’avait même pas pris la peine d’effacer font état de ses préoccupations autour d’une entrée « porte de cockpit » et aussi autour des « procédures de suicide ». L’acte est prémédité.

Andreas Lubitz a froidement programmé son acte de terrorisme individuel (une sorte de terrorisme à l'état pur) pour infliger son suicide à d’autres, ces gens de tous horizons qui avaient pris place dans le vol 4U9515, qui n’ont pas d’autres torts que d’être clients de la Germanwings. Les syndicats de pilotes stigmatisent les conditions de travail dans ces Compagnies low cost. Payé 3000 euros par mois, un pilote de la Germanwings doit encore rembourser sa formation à la Compagnie. Il devait rester au jeune Andreas quelque chose comme 1500 euros et il en avait pour quinze ans à ce régime, se farcissant une vie éclatée dans tous les aéroports du monde, sans contrepartie financière. Il vivait en partie chez ses parents ? On comprend qu’il n’ait rien pu bâtir de solide et que ce garçon de 28 ans chez papa-maman est dans une situation sociale précaire, qui doit se répercuter sur sa psychologie. La sensation d’échec est là très probablement. Le cocon aussi. D’après sa petite amie, le pilote aurait laissé échapper : «  Un jour je vais faire quelque chose qui va changer le système, et là on connaîtra mon nom... ». Cette mise en cause du système doit être soulignée. 

Mais au delà même du système, il y a une psychologie. Le Système fournit les conditions du développement du mal psychique mais ne l’explique pas. Quelle psychologie faut-il pour penser que son suicide vaut la mort de 150 personnes ? Qu’il y ait un besoin de vengeance contre la Compagnie, qu’il y ait un sentiment d’injustice… Oui, certes. Il y a aussi manifestement ce besoin que l’on parle de lui. On retrouve un tel besoin chez Anders Breivik, le tueur en série norvégien, qui a froidement exécuté 77 personnes en une journée. Mais il y a surtout et il y a d’abord chez ce jeune homme comme chez Breivik d’ailleurs, une construction psychique aberrante, un égocentrisme proprement dément tant il est loin de la réalité. Je pense à l’ouvrage classique de Christopher Lasch sur la culture du narcissisme : parce que la nature a horreur du vide, le moi devient la dernière valeur dans le nihilisme ambiant, valeur évidemment surinvestie. On comprend ce que veut dire saint Augustin lorsqu’il nous donne à choisir entre le mépris de soi et le mépris de Dieu. Nous n’avons le choix qu’entre Dieu et une idole qui est le Moi. Pour peu qu’elle s’estime malmenée cette idole peut devenir un dieu Moloch et réclamer du sang.

C’est un nombre de victime sensiblement équivalent qu’ont fait les quatre terroristes islamistes somaliens (des shebabs) le 3 avril à Garissa à l’Est de Kenya, choisissant les chrétiens plutôt que les musulmans pour la mort, avant d’être eux-mêmes éliminés par les forces de sécurité. Pendant toute une après midi sur le Campus, ces quatre terroristes ont tenu en joue 350 étudiants. Pour tuer. L’attentat du Bardo en Tunisie, le 20 mars, répondait au même principe du meurtre de masse : 22 morts pour deux tireurs, finalement tués par les forces de l’ordre. C’est le côté très moderne d’un islamisme, qui, quoi qu’on en dise, n’en est plus tout à fait au Moyen âge, cultivant un nihilisme vraiment postmoderne. Suicide organisé ou attentat suicide, les profils psychologiques sont marqués par le même nihilisme.

Le nihilisme, voilà le plus grand danger, un danger qui fait des morts...