samedi 14 décembre 2013

Plus rose la vie

Qui a dit que la liturgie traditionnelle était froide et compassée ? Dimanche, nous les prêtres du prétendu vieux rite nous sommes tous en rose pour célébrer la sainte impatience de l'Avent, qui tient nos coeurs en joie. Sainte impatience ! Les deux mots semblent s'opposer. Et pourtant... Cette sainte impatience est l'autre nom du désir de Dieu. Non pas un désir naturel à l'animal humain, c'est vrai. Mais, pour celui qui a eu la grâce d'en faire l'expérience une fois, ne serait-ce qu'une fois, il y a un sentiment difficile à décrire, une ardeur qui nous point le coeur : Seigneur venez ! Sans vous en moi, sans vous avec moi, c'est juste plat. Et avec vous, tout est possible. Le jeu de la vie prend son intensité maximale.

On parle beaucoup de la joie en ce moment au plus haut niveau dans l'Eglise. Joseph Murphy a caractérisé la théologie de Benoît XVI comme une "invitation à la joie" (c'est le titre de son livre publié en français chez Artège). Quant à François dans son premier grand document, l'exhortation apostolique Evangelii gaudium, il parle de la "joie douce et réconfortante d'évangéliser". Les deux papes ont en commun de vouloir faire passer le zéphir de la consolation divine sur le troupeau souvent éprouvé.

Il faut néanmoins se rappeler que la joie n'est pas une cause (elle ne peut pas être la cause finale de l'évangélisateur par exemple, ce serait monstrueux : je te donne l'Evangile pour avoir la joie en moi). Comme le dit saint Paul, elle est un fruit. Même la joie spirituelle la plus subite, la plus impromptue (celle de Frossard dans sa chapelle ou de Claudel derrière son pilier) est déjà un fruit de la présence de Dieu. Ce n'est pas l'homme qui "fait sa joie". Pas lui non plus qui peut la calmer cette joie toute puissante. Notre maître en spiritualité au séminaire d'Ecône, l'abbé Giulio Tam, que je salue au cas où, nous racontait cette histoire de saint François Xavier, en plein labeur évangélisateur, ouvrant sa chemise et disant : "Assez Seigneur, je n'en peux plus des consolations que vous me donnez. C'est plus que ce qu'un homme peut supporter..." Il avait tout quitté. Il était parvenu dans les contrées les plus lointaines : après l'Inde, le Japon. Il envisageait la Chine. Sa phrase-clé ? Quid hoc ad aeternitatem ? Devant tout ce qui se passait, devant ce qui l'atteignait toujours plus ou moins, car au naturel ce n'était pas un blindé, : "Seigneur, qu'est-ce que cela par rapport à l'éternité ?". Ou comme le disait encore notre cher abbé Tam  dans un italianisme savoureux, avec un faux air calculateur : "Le temps fuit, l'éternité s'approche". Notre joie, ne l'oublions pas, c'est la joie du salut promis par Dieu aux hommes de bonne volonté. Et ce salut est plus proche de nous maintenant que quand nous avons été appelés à la foi comme l'écrit saint Paul. C'est ainsi que notre joie terrestre est l'effet anticipé de cette joie céleste.

C'est dans cette perspective que s'organise cette petite fête dimanche prochain au Centre Saint Paul. Nous aurons d'abord la bénédiction des fiancés (officiels ou officieux) pendant la messe de 11 H, selon une antique coutume. Puis, après la messe chantée et rehaussée par un violon dont vous me direz des nouvelles, nous vous remettrons à chacun un petit opuscule offert par le CSP, notre calendrier liturgique ; ensuite ce sera le vin chaud de circonstance pour l'inauguration de notre nouveau Point accueil. Après l'avoir bénit dûment, grande braderie de livres sélectionnés pour vous et en bon état. Ils seront en vente à partir de midi et quart. Tout à deux euros, y compris les missels. Les poches et les livres pour enfant seront à 20 centimes. Je dédicacerai mon dernier livre Une histoire du mal, en tirage restreint avant Noël, au prix de lancement de 20 euros (au lieu de 24). La braderie se prolongera dans l'après-midi jusqu'aux Vêpres (17 H), à la conférence liturgique de l'abbé Baumann (18 H) et à la messe (19 H).

2 commentaires:

  1. En prolongement de la phrase de saint-françois-xavier, saturé de consolations divines, cette exclamation de Jacques Lebreton, un autre converti fulgurant:

    "Dieu, quand Il donne, donne toujours tout, de trop!"

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  2. Enfin, un article qui parle de l ´évangélisation. « La joie n´est pas une cause...comme le dit S.Paul, elle est un fruit." Évangelisez, donc, tous vous, comme chacun préfère. Quelques uns par la liturgie traditionnelle, d´autres par la liturgie actuelle. L´important est l ´Évangile, vivre dans la paix et l ´harmonie. « C´est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. » (Osée). Merci.

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