jeudi 6 octobre 2011

Au scribe fidèle

Le texte qui évoque l'abbé de la dernière cartouche a été diffusé sur les deux Forums traditionalistes les plus représentatifs, et les commentaires s'accumulent ; ils expriment le plus souvent leur étonnement devant cette "étrange violence" du millier de messes réparatrices.

Je dois à la diligence du Webmestre un beau texte peu connu et manifestement privé de Benoît XVI, daté de mars dernier et en provenance du site Benoît et moi. Il se passe de commentaires :
« Je comprends très bien votre préoccupation par rapport à ma participation à la rencontre d’Assise. Mais cette commémoration doit être célébrée de toutes façons et après tout, il me semblait que le mieux c’était d’y aller personnellement pour pouvoir essayer de cette manière de déterminer la direction du tout. Cependant je ferai tout pour que soit impossible une interprétation syncrétique de l’évènement et pour que cela reste bien ferme que toujours je croirai et confesserai ce que j’avais rappelé à l’intention de l’Église avec l’encyclique Dominus Iesus ».
Vous trouviez déjà cette interprétation d'Assise III sous la plume de notre Webmestre, en son article Patchs. Aller offrir 1000 messes en réparation pour Benoît XVI et 33 pour les sacrilèges de Golgotha Picnic... C'est dérisoire. Comme disait l'autre, "tout ce qui est excessif est insignifiant". Tout ça sent trop sa dernière cartouche...

Dans mon "Megabuzz", c'est surtout le troisième argument anti-La Rocque qui est contesté par les Internautes (ceux au moins qui se sont exprimés ici ou ailleurs). Je reviendrai sur ce troisième point dès demain, en vous redonnant le contexte dans son ensemble.

Je voudrais dès maintenant répondre à deux de mes détracteurs, Scribe et Fleur de lys.

A Fleur de Lys qui m'accuse d'avoir dit que l'abbé de Cacqueray est orgueilleux, je précise que ce mot d'orgueil vient d'elle, Fleur de Lys, et d'elle seule. j'ai publié des textes, j'ai indiqué des dates. je n'ai fait aucun commentaire personnel, relisez-moi, aucune attaque à la personne. La balle dans le pied ? Ce n'est pas un jugement de valeur, c'est déjà un fait avéré. Je me suis même abstenu volontairement d'indiquer, par ailleurs, l'étrange synchronie de la double dernière cartouche, la première tirée le 12 septembre trois jours avant le 14... La seconde tirée le 4 octobre, trois jours avant le 7... Il m'avait semblé que quiconque s'intéresse à ce dossier était à même de remarquer cette bizarre synchronie prévenante, en en dégageant les jugements qui lui appartiendraient...

Je ne crois pas avoir été présenté à... Fleur de lys, mais Scribe, je le connais. Depuis plusieurs années, il est en première ligne pour la FSSPX et j'apprécie son entièreté. Il n'est pas de ces tièdes que le Seigneur vomit... Sur Fecit, il met ce message, attendant écrit-il, une vraie réponse :
J'éprouve pour mr l'Abbé de tanoüarn une certaine admiration. C'est d'ailleurs lui, en décembre 2003 ou 2004, qui m'a ramené à la tradition par un sermon virulent sur les ED. alors que j'étais devenu bien tiède.

Alors permettez-moi de considérer que sa sortie tardive (au sens de l'horaire de rédaction) et bien virulente ne me paraît pas digne d'un abbé aussi intelligent. Il me semble de plus en plus (et je ne me suis pas caché de lui dire il y a quelques années sur le FC) que Mr l'abbé cherche désormais plus à justifier ses propres positions que celles de la tradition. Il me fait penser à d'anciens sédévacantistes comme l'abbé Lucien, défendant ce qu'il honnissait naguère et surtout justifiant son évolution.

Que l'abbé évolue et change (et je pourrais facilement le démontrer - il le sait bien car nous nous connaissons-) est un fait. Qu'il essaie de faire admettre que ce n'est pas lui qui change mais l'Eglise, face à Assise III est tout simplement indéfendable.

Est-ce un vrai message pour vous (et lui)?
Que vous répondre cher Scribe? Ma sortie tardive? Mais c'est que, comme ce soir, je n'ai pas eu d'autre moment pour intervenir. Faut-il se taire? Citation pour citation (Pascal pour Laguérie dans votre précédent post) : "Jamais les saints ne se sont tus". A aucun moment, du jour ou de la nuit s'il le faut. Je ne suis pas un saint (ça c'est sûr) mais plutôt je crois en bonne compagnie à cette heure.

Virulent? J'ai essayé de m'abstenir de jugements personnels. La seule virulence que je me reconnaisse est la rapidité de réaction : le 12 septembre pour le 12 septembre. Le 4 octobre pour le 4 octobre. C'est l'avantage que confère certaines veillée tardive... Je cherche à me justifier? Honnêtement oui, à chaque instant. Mais qui n'en fait pas autant ?

Cependant, cher Scribe, si dans cette idée d'une recherche de justification, vous voulez dire que j'ai évolué d'abord et réfléchi ensuite à toutes sortes de justifications a posteriori, non ! Je crois avoir réfléchi d'abord. Voyez le titre du premier numéro d'Objection : "Le pape qui corrige le Concile". Eh bien! C'est lui ma ligne et c'est sa correction autorisée. Depuis 2005.

"Que l'abbé évolue et change, c'est un fait..." écrivez-vous. Vous avez raison d'écrire cela. Depuis Vatican II et l'Evangile, publié en 2003 et toujours disponible sur le Net, j'ai évolué. Mais je n'ai changé ni dans ce que j'aime ni dans ce que je déteste... J'essaie effectivement de vous faire admettre que ce n'est pas moi qui change, c'est l'Eglise. Je pense que les JMJ de Madrid ont apporté la preuve définitive de ce changement, qui s'est amorcé dans les dernières années du pontificat de Jean Paul II et qui tourne autour de deux thèmes principaux : retour à la liturgie (cf. Ecclesia de Eucharistia) et retour à la parole de Dieu (Verbum Domini, voilà un texte important, à cheval sur les deux pontificats).

Vous me dites que, devant Assise III, il n'est pas possible d'admettre ce changement de l'Eglise. Eh bien! Je vous renvoie bonnement à la lettre de Benoît XVI publié sur Benoît et moi et que notre Webmestre rappelle à notre bon souvenir. Si le pape n'avait pas été à Assise III, la dynamique d'Assise I - ce confusionnisme des religions, dont j'ai parlé dans mon papier du 12 septembre - aurait continué. S'il est là, c'est pour corriger Assise, comme il a corrigé le Concile.

Attention : corriger Assise signifie aussi donner à la question du rapport entre les religions une pertinence. Vous pouvez trouver cela choquant. Ce que je montre c'est que cette pertinence n'est pas d'ordre spirituel (comme si toutes les religions étaient des moyens de salut) ; elle est, avec Benoît XVI, d'ordre politique. Relisez la dernière Soirée de Saint Pétersbourg de Joseph de Maistre, la Onzième, vous verrez que Joseph de Maistre anticipe sur la situation actuelle, où le pape se trouve, volens nolens, le seul pouvoir spirituel mondial. Ce n'est pas du faux oecuménisme de dire cela, ni l'expression d'un dialogue interreligieux déboussolée. Non ! Auguste Comte, fervent du Pouvoir spirituel, aurait certainement constaté la même chose. Ce constat sur les religions et la paix dans le monde est purement politique et les exhortations de Benoît XVI se situeront... finalement du point de vue de cette politique internationale et formellement sous l'angle de la vertu naturelle de religion. Assise III n'est pas "une foire aux religions" (Cacqueray), dans laquelle chacune prétendrait apporter quelque chose de différent et d'intrinsèquement valable pour le salut des hommes. Dans le post du 12 septembre, j'ai cité les textes du pape qui me permettent d'avancer cela. Et l'abbé de La Rocque, habituel affidé de la dernière cartouche, plus tard, ne m'a pas vraiment contredit... Sauf, je vous l'ai déjà dit, à tomber lui-même dans le baïanisme nommé par Garrigou... pseudosupernaturalismus.

Excusez-moi, chers amis, d'avoir été si long. La passion m'égare. Ce qu'on vit aujourd'hui a quelque chose de miraculeux, lorsque l'on veut bien ouvrir les yeux et voir.

3 commentaires:

  1. Que la rencontre interreligieuse d'Assise ait une dimension politique, c'est évident. Mais ce contenu politique a été d'ores et déjà précisé par deux personnalités qui ont autorité pour en parler, et qui s'exprimaient toutes deux officiellement, à savoir Mgr Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour les migrants (http://fr.novopress.info/97034/le-reveil-du-nationalisme-a-provoque-le-refus-violent-de-la-diversite-selon-le-vatican/) et Mgr Giancarlo Bregantini, président de la commission de la Conférence épiscopale italienne pour les problèmes sociaux et le travail (http://fr.novopress.info/99170/saint-francois-d’assise-patron-de-l’immigration/).

    Le message politique d'Assise, ont déclaré ces deux archevêques, c'est que l'Europe est multiculturelle, qu'elle doit accueillir la "diversité" et qu'il ne faut pas repousser les immigrés clandestins. On est bien loin de Joseph de Maistre.

    RépondreSupprimer
  2. Il y a ce qu'annoncent ou déclarent les Monssignore à propos d'un évènement comme Assise, il y a votre avis -c'est de la politique- ou celui de l'abbé de Cacqueray -c'est du syncrétisme honteux- il y a l'avis de m."Tout-le-Monde" : c'est bien ou c'est mal- mais il y a surtout ce que le saint Père veut en faire et par-dessus tout ce que l'Esprit saint en fera.
    Pour lire les signes du temps, il est parfois utile de dépasser les réactions immédiates, de se souvenir des signes qui ont déjà été, de relire les Anciens, de chercher l'étoile qui va nous guider, de prier l'Esprit Saint qui nous éclaire.
    Ainsi le message de la dernière Soirée de Saint-Petersbourg de Joseph de Maistre est plus important à connaître ici et maintenant, qu'un décryptage politique en aveugle, réducteur et non inspiré.
    Encore une fois, m.l'abbé de Tanoüarn sait nous montrer dans quelle position nous tenir, quelle attitude adopter et surtout quelle direction doit prendre notre espérance. Appuyé sur la vertu naturelle de religion, le politique encore une fois se changera en mystique.
    C'est beau, m.l'abbé. C'est beau parce que c'est vrai.
    Nous savons que c'est vrai, nous Français surtout, parce que cela a déjà eu lieu dans notre Histoire.

    RépondreSupprimer
  3. Oui , cher abbé de Tanouarn, vous avez mis le doigt sur le mal , il me semble. L'Eglise, paradoxalement, en perdant de son pouvoir temporel(presque tout)est devenue de plus en plus soumis au "politique" et de plus en plus un relais du "politique" avec son arrogance et sa volonté de puissance.
    Je ne suis pas un "traditionnaliste", j'apprécie votre esprit libre mais l'alternative n'est pas entre un sécularisme totalitaire avec son tout politique et une "théocratie chrétienne"...Le combat contre la "Bête" continue, le Christ est toujours actuel et n'est pas révolu et toutes les chansons onusiennes sur la paix mondiale sont factices et sont des potions sédatives et euphorisantes.
    Après la "pax romana", la "pax sovietica"....quelle paix ? Certainement pas la paix du Christ

    RépondreSupprimer