mardi 16 mars 2010

Réponse à Julien Weinzaepflen

Cher Julien, par comparaison avec vos courriers torrentiels [note: en commentaires à "Maurras est-il..."], ma réponse risque de paraître un peu sèche. J'essaierai surtout d'être clair.

Si j'ai bien compris, selon vous, il n'est pas possible d'être maurrassien et philosémite sans une "stratégie", stratégie que toujours selon vous je ne pousserais pas au bout, ce qui empêche de savoir "pour qui je me donne".

Première réponse sur la stratégie : autant je crois nécessaire de savoir comment l'on veut servir l'Eglise, en prenant les moyens légitimes pour arriver à ses fins, autant il me semble absolument déplacé pour un prêtre de se pencher sur la gestion de son image. Mon image ? Je m'en fiche royalement, et si elle n'était pas très lisible, je crois qu'il suffirait à d'éventuels contradicteurs de me lire. Tout simplement.

Je n'ai rien à cacher. Je suis heureux de vivre à ma petite échelle non pas en électron libre (quelle horreur ! Quel mépris du bien commun cela suppose !), mais en homme libre. Libre ? "de la liberté par laquelle le Christ nous a libérés" comme le disait saint Paul aux Galates (lecture du IVème dimanche de Carême). Cette liberté (intellectuelle notamment) elle manque trop dans l'Eglise... Je tâche d'en vivre.

Y a-t-il contradiction entre Maurras et le philosémitisme ? Je ne le crois pas. Conomore sur ce Blog a très bien expliqué les raisons très circonstancielles et périphériques de l'antisémitisme d'Etat qui fut celui de Maurras. Quant à son antijudaïsme culturel, il est lié à l'antichristianisme viscéral qui fut celui de ses jeunes années, à son paganisme mystique si vous voulez.

Cette mystique là (polythéiste) lui a passé comme en témoigne la Préface (somptueuse) de La Musique intérieure : "Ai-je découvert plusieurs choses ? Je ne suis sûr que d'une, mais de conséquence assez grave : car, de ce long colloque avec tous les esprits du regret, du désir et de l'espérance qui forment le choeur de nos morts, il ressortait avec clarté que l'humaine aventure ramenait indéfiniment sous mes yeux la même vérité, sous les formes les plus diverses. Comment n'étaient-elles pas vues et dites plus couramment ? Nos maîtres platoniciens définissaient la vie par les métamorphoses de l'amitié et de l'amour ; cependant ont-ils explicitement relevé que nous courons à l'amour parce que nous en venons et que ceux qui se sont aimés pour nous faire naître, ne peuvent nous lancer vers un autre but que le leur ? Origine et fin se recherchent, se poursuivent pour se confondre, cela est clair pour qui l'a senti une fois".

Voilà Maurras dans le texte. La stratégie ? Devant une telle authenticité de quête intérieure, je crois qu'il n'y a pas de stratégie qui tienne. Maurras, comme je l'ai écrit est le plus moderne des antimodernes... Sa modernité ? Son agnosticisme. Son antimodernité ? Sa quête éperdue d'un ordre perdu. C'est ce qui m'intéresse chez lui. Il est l'homme des paroxysme et ce paroxysme moderne antimoderne m'attire... (Suite ce soir)

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