mercredi 2 septembre 2009

L'abbé Laguérie...

... est arrivé au Centre Saint Paul tout à l'heure. Il s'installe au 2ème étage, pour y créer le secrétariat général qui manquait à l'Institut du Bon Pasteur, ce bébé de trois ans, déjà fort de 23 membres prêtres et de 30 séminaristes.

Voici à tout hasard - ne pereant - le sermon que j'ai prononcé au mois de juin dernier dans l'église Saint Eloi à Bordeaux, à l'occasion de ses 30 ans de sacerdoce, retrouvé ce matin (il n'y a pas de hasard) dans une pile de vieux papiers. C'est un mot de bienvenue comme un autre... qui dit bien ce qui nous unit.
Cher M. l'abbé,
"A tout prendre, écriviez-vous en juin 1985, alors que vous étiez encore dans la première décennie de votre sacerdoce, il n'y a que deux sortes d'homme : ceux qui scrutent les oeuvres de Dieu pour savoir s'ils daigneront lui faire confiance et ceux qui font d'abord confiance à Dieu pour qu'Il daigne leur donner l'intelligence"

Le très jeune curé que vous étiez alors, comme tout prêtre sentinelle avancé, sentinelle isolée aux prises avec le terrible mystère du mal, aux prises avec la puissance du mal dans les coeurs et dans la société avait fait de son confessional une guérite où accomplir chaque jour le merveilleux travail du passeur d'âme - un passeur toujours compatissant à la misère et non un peseur scrupuleux exact et décourageant, un passeur rassurant qui travaille pour la vie, qui est fait pour sauver et non pour détruire à l'image de son maître le Christ. Un passeur qui se pose peu de questions sur lui-même, puisqu'il a décidé une fois pour toutes de faire confiance. Son arme, c'est la confiance !

La confiance, voilà un trait que retrouve dans votre physionomie quiconque accepte de l'y chercher. Un trait qui caractérise votre vie de découvreur. Jeune curé, ne refusant jamais une confession ou une discussion, vous avez été un découvreur d'âmes. Combien de fidèles vous doivent, ici, d'avoir retrouvé la confiance, d'avoir compris quel était leur potentiel pour le salut. Et combien de jeunes prêtres, ayant servi sous vos ordres, vous doivent leur confiance crâne dans la puissance de leur sacerdoce.

A Saint-Nicolas, il y avait la guérite du confessionnal. Combien de temps y passions nous chaque dimanche, avec presque chaque semaine, au moins une conversion et une confession générale. Et puis il y avait l'autel, le Mont Thabor, où nous montions pour tutoyer Dieu en latin, toujours seuls face à Lui, même lorsque derrière les fidèles se comptaient par milliers. La puissance de notre sacerdoce, vous en avez fait l'expérience pendant 14 ans chaque jour dans cette église bénie de Dieu, elle est liée intrinsèquement à la puissance -non- pareille - de ce rite extraordinaire que Benoît XVI dans Spe salvi appelle simplement "le rite classique".

De cet enthousiasme spirituel naissait votre parole en chaire, souvent neuve quoi que profondément traditionnelle et trempée dans les textes, en particulier dans saint Paul. Parole jeune mais qui faisait étrangement autorité. Je me souviens aussi des repas de communauté, de la manière dont vous mettiez un sujet sur le tapis (ah ! le constitutif formel de la personne), en laissant débattre ceux qui voulaient. Cet enthousiasme était communicatif.

Mais la vie ne s'arrête jamais. En 1998, vous voilà à Bordeaux, avec un défi en tête : recommencer Saint Nicolas du Chardonnet. Pour cela, il fallait une église. Il y en aura deux. D'abord pour vous faire la main, Sainte Colombes à Saintes, un hangar de peintres en bâtiments dont vous faites redécouvrir à tous la splendeur, ensevelie sous les alluvions et les outrages du temps. Ensuite Saint Eloi à Bordeaux, défiguré par 20 ans d'abandon et de squatt, Saint Eloi qui, à travers vos mains de tailleurs de pierre (vous savez tout faire n'est-ce pas ?) a retrouvé aujourd'hui sa dignité séculaire au coeur de la ville.

Il faut bien le dire : ces réussites, qui, incontestablement, sont les vôtres, cette faculté de rebondir et de transformer à vos mesures le théâtre des opérations, cela inquiète vos supérieurs. Devrais-je le dire ? Votre supériorité par rapport à l'événement, vos supérieurs auraient tendance à la prendre comme une menace. Sainte Colombes à Saintes ? Inutile vous dit-on et même nuisible. Saint Eloi à Bordeaux ? Incroyable et vaguement inquiétant pour l'avenir.

C'est à ce moment, M. l'abbé, que l'on voit saillir ce trait essentiel de votre personnalité sacerdotale : la confiance. Vous l'avez donnée aux autres, aux fidèles, aux prêtres. Elle est aussi votre carburant personnel. Vous avancez à la confiance et la confiance que vous aviez mise avec tant d'entièreté en Mgr Marcel Lefebvre - celui qui fut pour vous non seulement l'évêque providentile mais l'homme unique, un tuteur et un père dans votre sacerdoce - cette confiance disparut peu à peu. Vous qui êtes musicien et si j'ose dire musicien à l'instinct, vous avez découvert peu à peu que l'on voulait vous faire jouer une partition incompréhensible. L'autorité qui fait confiance devenait l'autorité qui soupçonne. L'autorité qui construit devenait l'autorité qui détruit : corruptio optimi pessima.

Vous vous tournez alors tout naturellement vers Rome. Non pas parce que vous aviez changé. Non pas parce que les conditions dans lesquelles vous exerciez votre sacerdoce vous auraient déçu, mais plutôt pour rttrouver la confiance que vous avez voulu faire à Dieu dès le début et que vous avez toujours placé dans l'autorité religieuse à laquelle vous vous donniez.

Commence alors l'aventure la plus extraordinaire de votre existence. Incrédulité des journalistes ! Stupeur de vos meilleurs ennemis ! A peine quittée la FSSPX, voilà que vous créez, avec quelques amis prêtres, l'Institut du Bon Pasteur, dont vous rédigez les statuts. Vous recevez de Rome le pouvoir de faire des enfants, je veux dire de transmettre votre sacerdoce, en appelant aux ordres ceux que vous aurez choisis. 8 septembre 2006 : fête de la Nativité de Marie, le jour où vous signez avec le cardinal Castrillon Hoyos, le jour qui pèse le plus lourd dans votre existence de prêtre.

Qu'est-ce que l'Institut du Bon Pasteur ? Un clone de la FSSPX ? Un jumeau de la FSSP ? Un rival de l'Institut du Christ Roi souverain prêtre ? Rien de tout cela. Autre chose. Des chevau-légers, uniquement déterminés par leur tâche pastorale. Deds prêtres animés par la confiance dans leur sacerdoce. Dans l'Eglise. Dans le Christ. A votre image. Pas des fonctionnaires de Dieu comme aurait dit Drewermann. Des battants imaginatifs et prêts à tout. Vous avez me glisse-t-on à l'oreille une expression pour dire tout cela : des grenadiers voltigeurs.

Vous voulez prendre votre tâche de Supérieur général à bras le corps. Vous venez à Paris créer le nécessaire secrétariat central et insuffler à tous votre optimisme et votre élan, cet esprit particulier qui est celui du Bon Pasteur... Pour vous c'est une nouvelle page qui s'ouvre.
L'abbé Laguérie dira dimanche prochain la messe de 11H00 au Centre Saint Paul (voyez l'adresse et les moyens de transport sur la page accueil). Pour cette occasion, vous êtes tous conviés à un apéritif au Kir royal, après la messe (ce qui n'empêchera pas la messe de 12 H 30 qui aura lieu au premier étage).

2 commentaires:

  1. A dire vrai mon Père, si vous n'aviez retrouvé votre sermon "dans une pile de vieux papiers", vous auriez pu le chercher sur internet, vous l'avez mis en ligne le 29 juin 2009 sur... votre blog.

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  2. J'y serai ! Au plaisir de voir le prêtre avec lequel vous êtes complémentaire.

    Cordialement,
    Athanase

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