vendredi 12 juin 2009

Chez les militants de l'amitié française

Conférence hier au Centre Charlier sur Jonas. Un rendez-vous d'amitié, oui d'amitié française. Mon hôte, Bernard Antony, accent mais aussi chaleur méridionale, insiste beaucoup sur le manque de virilité d'un certain catholicisme, comme en écho à l'idée que je développe dans Jonas : "Il faut sauver le désir".

D'où vient la crise de la conscience chrétienne ? D'où vient la féminisation du christianisme ? Je propose de considérer que, soupçonnant tout désir, même les meilleurs, Fénelon invente le "pur amour", un concept plein de bonnes intentions, mais qui autorise la première dissociation (dissociation contre nature !) entre amour de Dieu et désir de Dieu. Cet amour sans désir est largement à l'origine, me semble-t-il, du moralisme catholique et de ce que Bernard nomme le manque de virilité des chrétiens.

Au lieu de la morale négative qui nous enferme dans une sorte d'étrange nihilisme du bien ("Tu ne feras pas..."), il faut promouvoir la morale évangélique des talents : désir du bien, désir des belles œuvres, ce qui reste dans l'universel vacuité : Heureux les morts qui sont morts dans le Seigneur car leurs œuvres les suivent (Apocalypse).

Qu'est-ce qu'oppose le christianisme à ce que Freud nomme la pulsion de mort dominant et couronnant l'Eros ? - Les œuvres. Le chrétien devient ce qu'il fait : "Celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées" (Jean 3). Miracle du Bien et de la métamorphose (de la conversion) qu'il opère en chacun de nous. Et symétriquement, j'y reviendrai, impossibilité de toute banalisation du mal, parce que l'on devient le mal qu'on fait.

2 commentaires:

  1. Pourquoi l'amitié "française" ? L'amitié n'est-elle pas un lien entre personnes qui se sont choisies librement, sur des critères de leurs choix, bien indépendants de facteurs du hasard eg découpages géographiques ou administratifs?

    Pourquoi vouloir à tout prix et à toute occasion enfermer les gens dans des cases, leur coller des étiquettes, ne pas les laisser respirer, voir plus grand ?

    L'amitié, comme le catholicisme, ne sont-ils pas avant tout UNIVERSELS ? Ce sont des notions de lien, d'unité entre personnes (religare), alors que le nationalisme, excluant par excellence, est un facteur de division. En traitant de l’amitié (et au moins là), on peut très bien se passer de l’évoquer.

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  2. je n'aime pas beaucoup M. Anthony, que ses amis du Front national surnommaient "l'Ayatollah cassoulet", et qui, dans les années 1990, a apporté un soutien financier à la Légion noire croate, qui se réclamait des fascistes d'Ante Pavelic, coupable de nombreuses atrocités et crimes de guerre... Mais leurs victimes n'étaient que des orthodoxes schismatiques, pas de quoi en fouetter un chat, n'est-ce pas ?

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