jeudi 28 mai 2009

[Abbé Henri Forestier] L'Institut du Bon Pasteur est-il charismatique ?

(Lettre aux Amis et bienfaiteurs du séminaire Saint-Vincent-de-Paul – Printemps 2009)

Saint Paul au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens, nous parle des «kharismata», les fameux «charismes», pour désigner ces dons particuliers que Dieu donne en vue de l'édification de l'Eglise. Tels furent les dons de faire des miracles donnés à certains saints, de tel type est aussi la grâce du sacerdoce, tel est encore l'esprit fondateur d'un Institut authentiquement reconnu par l'Eglise.
Ainsi il est arrivé que des évêques nous interrogent sur notre « charisme propre » : Que pensez vous apporter à notre diocèse?
Bien des fidèles aussi, plus simplement, se demandent quel type de prêtre nous voulons former: Comment seront les prêtres de l'IBP à venir?

La réponse se trouve évidement dans nos statuts, et .leur récente publication sur l’internet (cf. le blog de M. l'abbé Laguérie) nous libère d'un devoir de discrétion qui nous incombait jusque là.

Nous allons donc parler de ces statuts, et même les commenter pour. vous, non pas pour assouvir une curiosité déplacée, mais plutôt pour répandre, au nom de l'Eglise, la grâce fondatrice de l'Institut du Bon Pasteur, sa richesse, son charisme.

Deux phrases me retiendront particulièrement:

1°) (L'Institut est) soucieux de préserver la tradition de l'Eglise dans sa permanente actualité (Statuts II, 1).

Tout le monde sait que l'Eglise vit une crise, et une' crise profonde dont nous n'avons sans doute pas encore mesuré toutes les conséquences.
Voir cette crise est une chose mais qui travaille à en sortir? Qui a un projet pour l'Eglise, pour qu'elle revive?
Modestement, à notre place nous répondons: La tradition de l'Eglise est la lumière à laquelle il importe d'envisager l'avenir.
Voilà pourquoi nous voulons la liturgie traditionnelle intégrale et exclusive, voilà pourquoi au séminaire de Courtalain nous voulons former nos séminaristes avec saint Thomas d'Aquin, voilà pourquoi nous attachons une grande importance à l'étude des enseignements des Papes.
Mais cette tradition ne saurait être une simple étude et complaisance stérile dans le passé, elle doit être une lumière pour aujourd'hui!

Ainsi nos séminaristes étudient les problématiques d'aujourd'hui, ceux qui le peuvent seront invités à poursuivre leurs études pour pouvoir apporter davantage, déjà deux de nos professeurs et un diacre, poursuivent leur doctorat en philosophie, théologie et histoire.
Préserver la tradition de l'Eglise dans sa permanente actualité semble bien être la meilleure manière d'agere ut pars, comme aurait dit Cajetan: Agir comme une partie de l'Eglise, lucide et courageuse!

2°) - Le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis est le modèle parfait de cette vie essentiellement apostolique: esprit de service et d'oubli de soi qui est comme le secret de Jésus-Christ. Chaque membre est conscient d'être le «serviteur inutile », de même que l'Institut ne se considère pas comme une fin en soi, mais un moyen au service de l'Eglise, (Statuts 1,3.)

A première vue, l'idéal apostolique que décrit l'image du Bon Pasteur, est l'idéal de tout prêtre, comment y voir un charisme spécial?
Cependant sainte Catherine de Sienne dans ses oraisons voyait dans cet esprit de dévouement une grâce spéciale, qui n'est donc pas faite à tous. Elle écrit:
Je supplie donc, puisque tu inspires dans les esprits de tes serviteurs les désirs anxieux et ardents pour la réforme de ton épouse, et les fais crier en continuelle oraison, que tu exauces leur cri. (Oraison 7).

Dans notre formation, nous veillons à orienter les séminaristes vers l'apostolat futur, vers la soif des âmes. Nos professeurs ou intervenants extérieurs sont, le plus souvent, riches d'une grande expérience pastorale, des conférences ponctuelles exposent des sujets d'actualité, le contact avec les fidèles après la messe du dimanche, rappellent au séminariste le dévouement futur.
Cette grâce nous la demandons dans la prière, pour chacun de nous, pour nos séminaristes, pour qu'ils soient les pasteurs attentifs de demain, les bons et fidèles serviteurs que décrit notre Maître dans l'Evangile.

Ce charisme n'est il pas magnifique ?

Mais me direz vous, tout cela est beau, vos statuts aussi, mais ne sont-ils que lettre morte, pieuse pensée, ou réalité vécue et espoir pour demain?
Autant que peut juger l'humaine faiblesse, je pense et espère que ce désir (qui est un début de réalisation), et cette prière, existent au cœur de nos séminaristes.
Jugez par vous-même: l'un d'eux commentait récemment ainsi la douzième station du chemin de la Croix (La mort de Jésus) :
Mon Dieu ce rachat de la dernière heure, je l'invoque pour mes contemporains, beaucoup d'entre eux vous sont indifférents plus par ignorance et conformisme que par conviction. Envoyez leur des prêtres zélés, des travailleurs infatigables pour leur annoncer votre existence, votre amour envers eux et les joies qu'on éprouve à vous aimer et vous servir. Enthousiasmé par un tel projet, embauchez-moi ô Jésus, au nombre de vos travailleurs ...

Abbé Henri Forestier
recteur du séminaire Saint-Vincent-de-Paul

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