samedi 25 avril 2009

L'IBP dans Histoire du christianisme magazine

L'Institut du Bon Pasteur a les honneurs du dernier numéro de cet excellent Magazine. Je ne sais pas ce que l'abbé Laguérie leur a fait, mais il est présent à tous les étages : les 200 ans de Darwin, sur lesquels nous reviendrons ici et à propos desquels vous pouvez d'ores et déjà consulter l'excellent numéro de Monde et Vie : "Darwin prend un coup de vieux". Eh bien ! Sur ce sujet, c'est le Blog de l'abbé Laguérie qui a les honneurs de l'éditorial. Merci ! Le nom de l'éditorialiste ? Jean Yves Riou, qui a été ou qui est responsable des éditions CLD : des éditions qui font partie du monde catholique traditionnelle.

Jean Yves Riou, qui est aussi le directeur de la publication pour ce beau Magazine, se fend ensuite d'un long papier sur les traditionalistes. Le passé est convoqué à la rescousse pour expliquer le présent, selon le principe du Magazine. Et là tout y passe dans une sorte de patchwork pas très professionnel, mais efficace : le but du rédacteur ? Montrer que "l'intégrisme est un univers mental"... irrécupérable doctrinalement. Il est question de la Légion française, de la petite Eglise, de Jacques Maritain et de l'Action Française... et tout ça... dans le même article. Comme si la dissidence traditionaliste, présente dans le monde entier, s'expliquait par cette grille de lecture aussi hétéroclite que franco-française.

Dans ce Capharnaum, l'IBP a les honneurs de la conclusion : "Elle se définit comme la FSPX hier plus l'aval de Rome". Horresco referens !

En réalité si Jean-Yves Riou avait lu nos statuts et s'il avait examiné un peu ce qui se passe depuis trois ans, depuis le 8 septembre 2006, il comprendrait combien son analyse est réductrice. J'ai tendance à dire que mise en un pareil contexte, elle est faite pour tuer. Comme la soi disant "étude" du Père Sesbouë, paru l'année dernière dans la revue du même nom et qu'il republie ces jours-ci sans changement dans un livre éloquemment intitulé De Mgr Lefebvre à Mgr Williamson, anatomie d'un schisme. Cela alors que le Père Sesboüé n'a jamais cherché à contacter le moindre représentant de l'IBP, avant d'écrire son factum (lui aussi cite des textes qui ont souvent dix ou quinze ans, à propos d'une société religieuse qui n'avait qu'un peu plus d'un an). Pour un théologien de cette envergure, c'est faire preuve d'un inquiétant manque de méthode. Il n'est pas nécessaire d'être jésuite pour savoir que les passions humaines sont souvent plus fortes que la rigueur intellectuelle. Père, gardez-vous de ces excès, qui rendent insignifiant qui les cultive ! Je lirais désormais vos livre de théologie avec une certaine inquiétude...

Il me semble important de répondre à Jean Yves Riou. Il me semble important de répondre au Père Sesboüé. Je les invite ici publiquement à s'expliquer sur leur oukase anti IBP. Venez, monsieur, mon Père et discutons en. En privé devant un verre, en public, au Centre saint paul à Paris par exemple...

Le grand problème entre les catholiques, Jean Yves Riou, ce n'est pas l'histoire, ce n'est pas le passé, c'est le présent, c'est l'ignorance monumentale que cultivent les catholiques les uns par rapport aux autres, ce sont les quiproquo et les malentendus qui naissent de cette ignorance.

Ignorance ? C'est avant tout l'ignorance dans laquelle se trouvent beaucoup de catholiques face à leur propre tradition. J'ai eu l'occasion récemment de rencontrer un archevêque et, face aux critiques, je finis par lui dire :"Mgr, connaissez-vous la messe traditionnelle ?". Cela faisait deux heures que nous parlions : il m'a répondu : non.

Si Histoire du christianisme Magazine pouvait faire connaître la tradition liturgique, sans ostracisme, ses rédacteurs (je ne parle même pas de ses lecteurs)comprendraient que ce qui explique le traditionalisme catholique, ce n'est pas je ne sais quelle histoire déterrée d'un passé nauséabond, c'est avant tout l'amour pour la beauté de la liturgie catholique traditionnelle. Cette beauté, selon le jeu de mot de Platon dans le Cratyle, elle est un appel à toute une théologie du sacrifice et de la Rédemption qui nous manque tragiquement aujourd'hui.

Cette liturgie qui avait été mise au placard et dont le pape Benoît XVI vient de nous confirmer, dans les premières lignes de son Motu proprio du 7 juillet 2007, qu'elle n'a jamais été interdite.

3 commentaires:

  1. Je vous propose cette citation du grand Léon Zitrone:
    «Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi!»

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  2. La scène s’est répétée plusieurs fois ces derniers mois à la télé ou à la radio lors de débats sur les intégristes (ou traditionalistes, ou schismatiques… pick your word comme disent les anglais) : «Nous avons été dans une de leur église» dit en substance un journaliste «et en fait on s’est rendu compte que…». Que les paroissiens ne sont pas tous militants d’extrême-droite. Que tous ne sont pas de vieux schnocks. Qu’ils ont internet (on les croyait contre la modernité). Osons le mot: qu’ils sont normaux.

    Propos très honnêtes de la part de ces professionnels de l’information, reconnaissance implicite des œillères qu’ils portaient (aussi sûrement que la phrase «Quand on va en province…» dénote le parisianocentrisme de celui qui la dit).

    Un jour (ça a déjà commencé) au lieu de parler des tradis, on parlera avec les tradis, et même : on les laissera parler.

    Il y a du travail. Mon propre frère ne comprend pas. Nous sommes ma femme et moi les seuls traditionalistes qu’il connaît, peut-être même les seuls catholiques. «Pourquoi allez-vous chez ces gens-là?» s’étonne-t-il. Réponse: «Parce que nous sommes ‘ces gens-la’». Tout de même, il a un doute, mon frère, il ne sait pas si c’est du lard ou du cochon.

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  3. Ok, mais il y a tout de même un profil tradi qui se dégage assez nettement, des gens comme vous dites "normaux" y sont peu nombreux. Ayant fréquenté le milieu pendant quelques années (sans préjugés préalables, au contraire, sinon il n'y aurait pas de sens à cette fréquentation, le motif étant la préférence pour la messe) , j'ai rarement pu rencontrer un groupe aussi uniforme, dans le style, l'attitude, les idées politiques, sociales, modes de vie,... jusqu'aux goûts vestimentaires! Et j'avoue qu'à part la messe, rien de tout ceci ne m'a paru convainquant, ni très attirant. Donc, retour à la case départ.

    On peut aimer la messe StPV, la préférer à titre personnel (tout en participant à l'occasion et en acceptant la messe PVI sans juger, seul le Pape et les cardinaux ayant la compétence en la matière) et ne pas se sentir d'affinité avec le milieu tradi. Car ce milieu existe, on ne peut le nier (votre frère est intuitif, cela ne trompe pas toujours) et franchement il n'est pas facile d'y trouver des gens "normaux", comparables à ceux que l'on côtoie en entreprise, ou parmi les alumni de l'école que l'on a fréquenté lors des études supérieurs, voire à ceux des activités sportives ou culturelles partagées. Ou à ceux rencontrés lors des voyages (affaires ou perso) de part le monde. Comment trouver des affinités, si même physiquement on se sent différent car déjà habillé très différemment ? Peu importe le vestimentaire (peu important si tout le reste converge), mais tout de même c'est aussi un style, un regard sur la vie qui informe en partie sur la personnalité, l'être humain étant un tout.

    Par contre, une observation : plus on s'éloigne de la FSSPX (donc progressivement l'IBP, FSSP, communautés messe eg les paroissiens St Nicolas, Centre StPaul ou autres non lefebvristes, St Germain l'Auxerrois, ..etc ), plus le milieu devient hétérogène, comme dans une paroisse ordinaire, tendant vers la "normalité" (càd où l'on peut trouver les gens de toute sorte avec les idées et styles très différents, unis juste par la Foi). N'est-ce pas là l'objectif du Saint Père, en voulant intégrer les tradis dans l'Eglise et les paroisses afin que le partage se fasse entre tous et l'aspect communautaire s'efface devant l'universalité chrétienne ?

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